J’ai eu l’honneur d’être convié au « Banquet Fantôme » qu’avait organisé le Centre Georges Pompidou de Paris, le samedi 8 septembre 2018. Une soirée d’exception, retraçant une multitude d’histoires japonisantes! Un bref retour sur cet événement.

Acteur majeur de diverses programmations dans le monde artistique, le Centre Pompidou s’active depuis plusieurs jours sur le thème général de « Festival Extra! ». C’est la rentrée littéraire, et le Centre Pompidou en est à sa deuxième édition. Toute cette fête est consacrée à la littérature, avec plusieurs espaces de discussions, colloques, rencontres, interviews, ateliers, etc… qui sont créés pour le plaisir des lecteurs et lectrices. Le festival se déroulant sur plusieurs jours, j’ai tout de suite été intéressé par celui du « Banquet Fantôme ».

Le thème de ce banquet était sur les fantômes d’Asie. Le Centre Pompidou ne voulant pas uniquement se confiner à la littérature française, ils se sont investi pour nous ramener des récits d’ailleurs. Le banquet s’est ouvert avec l’introduction de Ryoko Sekiguchi (poétesse et traductrice japonaise), Jean-Max Colard (critique d’art, commissaire d’exposition et enseignant en littérature) et Sugio Yamaguchi qui est le chef cuisiner et le fondateur du restaurant « Botanique Restaurant », et qui nous fera l’honneur de nous faire déguster des plats concoctés par son équipe et lui-même.
Tout le long de ce repas convivial, avec un nombre limité de personnes aux tables prédisposées en forme de rectangle, nous avons eu des intervenants à différents endroits. Tel qu’à un repas de famille, les professionnels prenaient tour à tour la parole pour nous présenter leur travail, jonglant entre le visuel avec des images en vidéo, les musiques éclectiques et les explications de ces acteurs littéraires. En première prise de parole, nous avons pu écouter Hashimoto Kazumichi après une série d’images projetées. C’est un historien de la culture visuelle, mais avant tout un photographe. Il s’est penché sur l’histoire des « objets fantômes » lors de cette soirée. Ensuite le micro était relayé à Joseph Ghosn, juste après quelques minutes de son remix de musiques électroniques japonaises, à la fois apaisant et autrement dynamique. Il est journaliste de profession, et il s’est attaqué aux « échos fantômes », remuant notre audition.
L’intervenante suivante était la mangaka Mari Yamazaki, traitant le sujet sur les « fantômes dans la rome antique, fantômes au Japon ». Son nouveau tome intitulé Pline vient de sortir en français chez les éditions Casterman. Elle raconte l’histoire de Pline l’ancien, menant dans un mélange d’univers réel aux merveilleux. La base du scénario de son manga a des inspirations historiques et ne ressemble à aucun autre manga qui s’attaque au domaine de l’étrangeté. Enfin, pour les « spectres de Fukushima », Saeko Kimura et Hiromi Kawakami ont présenté leur point de vue respectif autour de ce thème. Saeko Kimura est une spécialiste de littérature classique japonais, et critique de littérature contemporaine. Hiromi Kawakami est une romancière, récompensée par le « Prix Akutagawa » en 1996.

Mais la clé essentielle pour un banquet, est son dîner. Sur une table immaculée de nappe blanche, le chef cuisinier Sugio Yamaguchi a ajouté une décoration végétale pour nous rappeler l’essence et l’éthique de son restaurant. Entre chaque prise de paroles des invités, on nous amenait une assiette différente. De base, le menu est un repas surprise (les produits allergènes, et fruits de mer sont annoncés vaguement pour la connaissance des participants). J’ai donc après ce festival, demandé la carte complète de ce qui nous avait été servi en détails.
Le Menu de Sugio Yamaguchi
Spectres botaniques
Biscuit aux herbes fraîches
Tartelette végétale, crème aigre
Pomme de terre croustillante
Lambeaux
Salade aromatique du jardin
Cri de famine
Riz à l’eau
Silva exspiravit
Suprême de caille fumée aux feuilles de figuier
Umiusagi
Cuisse de lapin mijotée au bouillon iodé
(Lapin, huître, gorge de cabillaud, bulot, poireau, kombu)
Inextricables
Soupe de cresson, aloé vera, daikon et perles de coquillages





Un repas qui revêt des échanges franco – japonais hauts en couleurs, souvent orchestré par les serveurs que l’on pouvait voir se déguiser avec des feuilles du visage aux pieds. Personnellement, j’ai eu des découvertes de produits qui m’étaient inconnus, et a contrario, des saveurs d’enfance oubliées telle que le « riz à l’eau » du menu, dit en japonais okayu. C’est en fait un bouilli du riz japonais. Tout le menu était varié, avec des goûts perceptibles et des nuances de saveurs très bien travaillées.
La conclusion de cette fin de soirée a été faite par Chihiro Minato, commissaire, photographe et théoricien de l’art. Le succès de ces jours de festivités nous laissent penser qu’il y aura une troisième édition l’année prochaine!
Je remercie le Centre Pompidou pour leur accueil, et Dominique Racle pour sa correspondance avec Nippon Actif avant et après le festival.