Pour la première fois en Europe, trente toiles du célèbre peintre Itō Jakuchū sont présentées au Petit Palais de Paris. L’artiste se réincarne après ce long voyage du Japon en France, par le biais d’un monde à la vision réaliste et d’une magnificence incroyable. Découvrez en photo quelques toiles, et en écrit son histoire.

Sa peinture et son histoire traversent des siècles, sans que sa vision n’en soit imperceptible, et visible aux yeux des vivants. Itō Jakuchū est un célèbre peintre au Japon, ayant vécu de 1716 jusqu’à sa mort en 1800 à Kyōto. Né dans une famille aisée et dans un quartier pittoresque, il était déjà un amoureux de la peinture dès l’âge de dix ans. Mais il a exercé son métier de peintre qu’à l’âge de quarante ans, ayant été grossiste juste avant, et confiant les rênes de l’entreprise à son frère. En 1733, l’art du réalisme pictural est né, et Itō Jakuchū s’en inspire sur toutes ses toiles. En 1757, il commence le chef-d’oeuvre de sa vie qui prendra dix années à peindre : Le Royaume coloré des êtres vivants. Le titre parle de lui-même, il explore le monde de la faune et de la flore. Trente rouleaux précieux qu’il peint avec un réalisme détonnant, surtout pour l’époque! Je ne raconterai pas tout de son parcours, car j’y reviendrai sur un prochain article, lors d’un événement qui va assouvir notre curiosité par la projection d’un documentaire qui lui est accordé!

La première fois que ces rouleaux étaient exposés à l’étranger, c’était à la National Gallery of Art de Washington en 2012. La deuxième fois, nous avons cette chance exceptionnelle, de croiser ces rouleaux au Petit Palais de Paris. Un mois d’exposition de mi-septembre à mi-octobre, les rouleaux étant extrêmement fragiles, ils ne peuvent pas demeurer plus longtemps… Un mois pour des milliers de visiteurs de contempler des vieux pins, coqs, poissons, lotus, millets, moineaux, grenouilles et insectes divers. Ils abondent tous sur des toiles, et ils sont dessinés méticuleusement par Itō Jakuchū. Une technique lie toutes les toiles, c’est celle de la peinture sur soie en revers et avers, avec des couleurs vives, utilisant un amas de palettes colorées, avec la difficulté supplémentaire que le peintre utilisent aussi des pigments minéraux et des teintures naturelles. Tous les rouleaux présentent une finesse de traits, sans qu’aucune ligne de contours ne soit présente.

Par exemple dans l’oeuvre du Vieux pin et phénix blanc sur la photo juste au-dessus, il applique la couleur ocre sur le revers, et j’avais réellement l’impression de voir de l’or, en vue de son reflet à la fois invisible et dynamique quand on « zoomer » (avec les yeux en l’occurrence, nous n’avions pas le droit de prendre des photos, même sans flash, une interdiction toujours liée à la fragilité des rouleaux). De grands rouleaux verticaux, on pouvait y passer plusieurs minutes afin de contempler chaque détail, où que l’on pose nos yeux, on avait quelque chose à entrevoir. D’aussi loin que je me souvienne, c’est la première fois que j’entends autant de : « Wouah », « C’est magnifique », « Un chef-d’oeuvre » pour une exposition. Étant donné que je suis toutes les semaines dans les musées de la région parisienne (et non, je n’ai pas d’intérêt que pour les expositions japonaises!), je peux vous garantir que l’effet du Royaume coloré des êtres vivants nous fascine tous sans exception, et avec autant de passion.
Le maître de la finesse
Par cet oeuvre, l’artiste témoigne d’une grande affection pour les animaux et la nature. Il a passé des années à observer les animaux, avant de les peindre et de nous le rendre palpable à vue d’oeil. Il y a avait un effet de 3D, et on savait qu’avec ce relief, il a dû utiliser d’autres objets. Quand je suis entrée dans la salle d’exposition, j’ai commencé par la fin… Enfin, je ne suis pas certaine que c’était la fin, mais la grande majorité des visiteurs ont commencés à mon opposé. Sans regret pour ma part. Il y avait tout de même une file d’attente d’environ 1H30 en dehors du musée! J’ai pu personnellement le contourner étant de la presse, mais l’empathie fonctionne à grande échelle avec moi, et suivre les nombreux visiteurs qui se bousculent, me fatigue rapidement. Faites donc comme moi, commencez par les rouleaux de la triade bouddhique intitulé Shaka Sanzon-zō, Triade de Sakyamuni. L’artiste était très pieux, il plaçait le Bouddhisme au coeur de sa vie, bien avant la faune et la flore. J’ose penser que c’est ce qu’il l’a sauvé, à un moment donné de sa vie où il avait tout perdu… On reviendra sur ce sujet lors du prochain article aussi, patience!

En 1999, il y a eu des travaux de restauration du Royaume coloré des êtres vivants qui durèrent six ans et ont permis de confirmer que le peintre utilisait la technique de l’urazaishiki. Une technique où il colore une partie des endroits en revers, pour donner un effet plus intense des couleurs sur la toile. On hésite sur un travail totalement en relief, incapable de déceler quelle partie a pu être travaillée des deux côtés, tellement le rendu sur ces soies est exceptionnel. Une chose ne nous trompe, ce sont les détails qui sont saisissants. Il y avait parfois des cercles avec un joli motif, mais vous savez, ceux qu’on dessinait à l’école avec nos compas ? Les rosaces. Sauf qu’ici je doute fortement qu’il s’est amusé à en faire de même, surtout que ses rosaces ne ressemblaient pas aux miennes, et si ce n’est que les siennes étaient dessinées très rigoureusement !
Rien a été laissé au hasard. C’est un voyage atypique que l’on a fait avec ses toiles. Il y a même un de ses rouleaux qui m’a fait rapidement penser à nos plages françaises… J’exagère peut-être, mais c’est mon ressenti. Si vous trouvez lequel, dites-le-moi. Autre que mes désirs refoulés des vacances, des plumes en veux-tu en voilà! Vous n’avez jamais prêté attention à un coq (malgré qu’il soit quand même l’emblème de notre cher pays)? Dirigez-vous vers le musée. C’est le plus beau coq qui m’est donné de voir dans ma vie. Encore plus magnifique que les coqs que l’on connaît, avec des courbes parfaites, et une abondance de plumes majestueuses, et dont même le paon n’a rien à envier.

J’ai aimé tous les rouleaux, en y passant 1h30, alors que tout se passe dans une salle visible de long en large. Je peux le dire, j’ai limite étudié les tableaux. Deux tableaux m’ont fait rester plus longtemps que d’autres : Érable et petits oiseaux et Roses et petits oiseaux. Je viens de me rendre compte qu’à « l’écriture » de ces deux titres, on pourrait tomber dans le piège en pensant que c’est parce qu’il y a des petits oiseaux que j’ai été fasciné par ses tableaux… alors que non, ce sont pour les roses qui fleurissent toute la toile. Loin d’être ma fleur préférée, et le rose ma couleur de prédilection, il faut croire qu’ils avaient le pouvoir de me laisser me poser et rêvasser!
Alors, pour ceux qui se demandent quelle est ma couleur préférée, est bien c’est le bleu. Certains de ses tableaux révèlent plus précisément la couleur bleue de Prusse. Sachez qu’au moment où Itō Jakuchū l’avait utilisé, il n’était pas en vente au Japon… il a utilisé cette couleur 60 ans avant qu’un autre célèbre peintre l’utilise : Katsushika Hokusai. Il est devenu l’un des premiers propriétaires de cette couleur rare, difficile d’obtention à l’époque, au Japon, mais sans aucune conviction quant à la méthode de procuration de ce produit, je ne m’avancerai sur ce terrain qu’après quelques recherches que je vous ferai partager.

Dans cette collection, une harmonie règne dans le monde la peinture. Les animaux ne sont pas les seuls à être mis en avant, mais ils sont égaux à la nature qui les entourent. Lisez ces rouleaux, créez vous aussi l’histoire de votre perception, tout comme un espace regorge de mille histoires. Merci au Japon de nous avoir permis de voir de telles oeuvres, merci au Petit Palais de les avoir abrités quelques jours. Longue vie aux rouleaux!
Un spécial remerciement à Mme Beaujard et Mme Drapier.
Le jour où je publie cette article, il reste deux jours avant que les rouleaux repartent au Japon… Profitez, ce week-end le musée à des horaires d’ouvertures exceptionnels !
*Lieu : Petit Palais – Avenue Winston Churchill, 75008 Paris
*Event Facebook : https://www.facebook.com/events/1746892875380357/
*Dates : du 15 septembre au 14 octobre 2018.
*Billetterie : http://www.petitpalais.paris.fr/preparer-sa-visite/billetterie


dans la neige







Merci de nous faire revivre cette merveille et de mieux la comprendre!!!
J’aimeJ’aime
C’est avec grand plaisir, merci de votre lecture. J’écrirai un article plus complet la prochaine fois, il y a beaucoup de choses que je n’ai pas dévoilé de ce peintre.
J’aimeJ’aime
Merci Madame, pour votre article, , écrit avec beaucoup d’enthousiasme et d’humour. Merci pour ces photos aussi.
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup pour votre compliment. Je l’ai écrit avec beaucoup de plaisir. Le prochain article le concernant dévoilera encore plus de sa vie personnelle, et le côté technique de ses rouleaux. J’espère vous avoir fait vivre ou revivre son travail.
J’aimeJ’aime
Merci beaucoup pour votre article j’ai pu revivre l’exposition que j’ai tant appréciée. Je suis contente que votre prochain article traite de sa technique, cela m’intéresse beaucoup
Catherine Fortuit
J’aimeJ’aime
Bonjour Mme Fortuit. Merci à vous d’avoir lu cet article! J’espère que le prochain vous plaira autant, si ce n’est plus.
Anita.
J’aimeJ’aime
Merci Anita pour le récit détaillé de l’expo Ito Jakuchu, moi qui l’ai ratée j’avais l’impression d’y être, du baume au coeur dès le début de la semaine c’est cool 🙂
J’aimeJ’aime
Merci Mona d’avoir lu, c’était l’effet escompté, et je vous en dévoilerai beaucoup plus sur lui dans un prochain article 🙂
Belle semaine à vous!
J’aimeJ’aime
Super article, très bien écrit qui rend bien compte de cette fabuleuse expo !
Au plaisir de continuer à vous lire 🙂
Ludivine
J’aimeJ’aime
Je vous en remercie pour votre compliment et temps de lecture 🙂 Je prépare un article un peu plus complet sur cet artiste, car son travail m’a fasciné.
J’aimeAimé par 1 personne
Top, hâte de le lire ! 🙂
J’aimeAimé par 1 personne