Le shogunat au Château de Fontainebleau

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Cette exposition relate d’un pont de communication entre le Japon et la France, la naissance même du Japonisme. Deux cultures distinctes, des rencontres et des présents offerts notamment à l’empereur Napoléon III par le dernier shogun Iemochi, seront exposés dans le Château de Fontainebleau, lieu de baptême de l’empereur.

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En 1854, le Japon est contraint de s’ouvrir au commerce international suite aux pressions des américains. 4 ans plus tard, le Japon signe un traité de l’amitié, notamment avec la France. À partir de ce moment, des cadeaux s’offrent entre ces deux pays, afin de faire découvrir à l’un et l’autre des aspects culturels méconnus jusque là. Napoléon III envoie des bustes à son effigie, tandis que le shogun Iemochi offre par exemple des paravents.

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Une ambassade japonaise quant à elle apporte 10 peintures montées en kakémonos. Ces derniers sont une adaptation de la tradition chinoise et japonaise. Elle a longtemps été discuté entre peintres, fonctionnaires de l’administration des Affaires étrangères et les membres de la délégation, afin qu’une culture ne l’emporte pas sur l’autre. Les années qui suivent, la France reçoit beaucoup d’autres présents car nos accueils ont été des plus chaleureux, les japonais ont tenu à montrer leur gratitude. Cette année se déroule le Festival de l’histoire de l’art, et pour marquer le coup, cette exposition ressort ou sort de manière inédite, des objets qui ne sont habituellement pas exposés.

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Riche en couleurs, même si peu d’objets y sont exposés, il vaut le détour si vous visitez le Château de Fontainebleau par la même occasion (le prix de la visite étant inclus). De plus, vous trouverez lors de cette exposition des objets en laque et en bois, avec des travaux de gravures impressionnantes!

À défaut d’une importante collection en quantité de l’exposition, n’hésitez pas à poursuivre votre visite avec de magnifiques salles appartenant au Château où l’empereur Napoléon III a séjourné!

*Lieu : Château de Fontainebleau
*Dates : du 4 juin au 20 septembre 2021
*Tarif : 13€ plein tarif.
*Billetterie : https://chateaudefontainebleau.tickeasy.com/fr-FR/produits

Yasuke le samouraï noir et TŌKYŌ

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Smaïl Kanouté, inspiré de Yasuke Kurosan

Smaïl Kanouté est un graphiste, chorégraphe, danseur et artiste plasticien. Il découvre l’histoire véridique du seul samouraï noir du Japon du 16ème siècle, et puise en cette légende toute l’inspiration nécessaire pour en faire une vidéo et l’exposer à la Maison Européenne de la Photographie (MEP).

Une vidéo de 15 minutes, riche en mouvements, riche en mots-clés, relatant l’histoire de Yasuke Kurosan. L’unique africain à avoir été anobli après le 8 mars 1581, le jour de leur rencontre. Il avait aux alentours de 30 ans, selon son « détenteur » (période esclavagiste), le daimyo de Kyōto : Oda Nobunaga.

La diversité d’une autre époque

Smaïl Kanouté rend grâce à un personnage, un « héros », sur un schéma romanesque. La diversité est le mot d’ordre dans l’un de ses volets triptyque. Effectivement, il combine l’aïkido, le bushido, ou encore la cérémonie du thé ainsi que le butô, dans une puissance énergétique maîtrisée. Le tout dans divers paysages japonais, que ce soit la ville, la campagne, les temples, etc… L’histoire qu’il conte dans sa vidéo mentionne plusieurs pays, dont l’Amérique ou encore la France (La Chapelle ou encore Château d’Eau (ligne 4 du métro parisien)). Ses rencontres avec des sensei nous indiquent aussi l’art qu’il va exploiter avec sa chorégraphie.
Il utilisera aussi de la peinture sur son corps, inscrivant ainsi plusieurs mots, représentatif de la vie de Yasuke Kurosan, ou du moins ce que l’on devine.

Shomei Tomatsu – TŌKYŌ

La Maison Européenne de la Photographie invite par la suite et sur plusieurs étages, une exposition sur deux artistes photographes, dont Shomei Tomatsu.

Shomei Tomatsu décide de photographier la population japonaise d’après guerre, une population qui essaie de survivre à la crise : chômeurs ou ceux ayant des petits métiers, et tout cela sous l’influence de l’occupation américaine.

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Il ne prendra pas que des personnes en photo, mais jouant sur l’abstraction avec son appareil, on découvre aussi des scènes avec objets, des détritus ou encore de la nature. Sa passion ne le limite pas qu’à une image figée, il mène aussi des convictions personnelles comme les problèmes écologiques. Ils prendront scènes sur des photos plutôt sombres, même s’il commence à utiliser de la couleur avec des photos beaucoup plus pacifistes, comme de merveilleuses cerisiers en fleurs (sakura).

Daido Moriyama – TŌKYŌ

Le dernier artiste photographe est Daido Moriyama. J’admets avoir eu un coup de coeur pour ses oeuvres, tantôt colorées, tantôt dérangeantes. Mais qui amène à une grande curiosité.

Alors qu’il a 25 ans, il réalise une de photos sur des… foetus. Il débute sa carrière en étant défaitiste, et voit son oeuvre comme s’il repartait de zéro dans sa vie.
Dans une période de l’histoire de plus en plus récente (2008), on aperçoit certains de ses Polaroids. Il a toujours pris ses clichés au Polaroid, mais en 2008, la société Polaroid cesse sa fabrication. Daido Moriyama lui rend donc hommage en couleurs.

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En 2016, il profite de son nouvel appareil, pour passer du noir au blanc, aux couleurs, qui trouvent ça finalement fascinant. Il ne reste pas dans ce qu’offre une ville dynamique en termes de couleurs ou de détails, il s’attaque aussi à l’âme des tokyoïtes et tentes d’entrevoir leur quotidien qu’il trouve fascinant. Sa suggestion s’appuie fortement sur les femmes dans son travail sur « Pretty Woman ».

On se prépare pour un voyage dans le temps et des lieux, des messages forts sont véhiculés dans cette exposition.
Je remercie la Maison Européenne de la Photographie pour son accueil, et son travail, ainsi que bien évidemment à ces auteurs pour cette exposition riche en découverte.

*Lieu : Maison Européenne de la Photographie – 5/7 Rue de Fourcy, 75004 Paris
*Dates :
– du 19 mai au 29 août 2021 pour Smaïl Kanouté
– du 19 mai au 24 octobre 2021 pour Moriyama et Tomatsu
*Tarif : 11€ plein tarif.
*Billetterie : https://maison-photographie.tickeasy.com/fr-FR/produits

Jardins d’Asie au Musée Guimet

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Le Musée Guimet est LE musée parisien par excellence des arts asiatiques. Entre les expositions permanentes et temporaires, on ne cesse de voyager tout en étant dans une énorme bâtisse à plusieurs étages. Aujourd’hui, l’exposition sur les « Jardins d’Asie » est présentée au musée jusqu’au 20 septembre 2021. Bien que cette exposition soit riche en objets et histoires sur plusieurs pays du continent asiatique, je vais uniquement faire un zoom sur le Japon.

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Les japonais sont amoureux de la nature depuis toujours. Leur quiétude s’installe alors souvent dans leur jardin. Terrain d’idées, d’imagination, de repos ou de méditation, certains auteurs nous permettent de les contempler d’aussi loin que nous sommes, des jardins de Lahore à Kyōto. Il y a 80 oeuvres lors de cette exposition, des ateliers et aussi un spectacle selon le planning journalier (à se procurer à l’accueil).

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Dame Nature travaille

L’aménagement des jardins japonais s’attachent à l’arrangement des arbres, des pierres et des eaux. Ce principe est un hériter de la tradition chinoise, même si chacun des deux pays ont leur propre signature. Il y a toujours un esthétisme parfait et une symétrie dans chaque regard posé dans cette nature retravaillée. Une nature vivante, transitoire à chaque saison que les années défilent.

Lors de cette exposition, vous pourrez voir par exemple des tirages de photos du jardin du Dainichi-do à Nikko, le jardin du pavillon d’Argent Ginkaku-ji ou encore le jardin du Prince Hotta. Toutes les photos de ce jardin datent d’environ 1890.

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On retrouve également des recueils de fleurs et de plantes herbacées, des plats (assiettes) à décor, des estampes de japonais dans leur quotidien (et dans leur jardin bien sûr). Le jour où je me suis rendu à l’exposition, j’ai eu la chance d’assister à un spectacle appelé kamishibai. C’est l’art de conter de façon théâtrale des histoires, mais la particularité est surtout dans la partie logistique. Elle est petite et ambulante. Effectivement, la scène du théâtre fabriquée est appelée butai. Elle a une taille prédéfinie, pour accueillir des planches de dessins, comme vous pouvez l’apercevoir sur l’image suivante.

Moins de 2h suffisent pour le spectacle et l’exposition, pour les grands comme les petits. Le billet pour l’exposition temporaire permet aussi de profiter des expositions permanentes, par contre pour cela, il vous faudra 3h de visite en plus pour les plus courageux.

Voyage sur la route du Kisokaidō

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La route du Kisokaidō fait partie d’une des cinq voies du réseau routier créé au Japon durant l’époque d’Edo (1603-1868). L’exposition qui lui est dédiée au Musée Cernuschi met en chemin une série complète de cette route, réalisée par Keisai Eisen et Utagawa Hiroshige.

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Deux semaines pour traverser Edo (l’actuel Tōkyō) et Kyōto (~540km). Pèlerins, marchands, moines itinérants, touristes, marchands, le compte y est pour un long voyage d’autrefois. Cette exposition nous fait réellement vivre une traversée au milieu de villes, de campagnes, de montagnes ou encore de littoraux en quatre saisons. C’est à la limite de l’immersive si nous nous concentrons bien sur les détails. Les ukiyo-e sont présentés dans un ordre précis (vous pourrez le remarquer grâce à la numérotation en-dessous des tableaux). Bien qu’il y ait 69 relais, attendez-vous à plus de tirage (des doubles et autres).

Une épopée japonaise

Pour compléter ces représentations, il y aura quelques objets présentés comme le nécessaire de fumeur, la statue puissante de l’une des cinq divinités gardiennes du bouddhisme ésotérique (Fudō Myōō), l’armure de Matsudaira Naritami (déjà présenté au Palais de Tokyo de Paris) ou encore une paire de sabres d’un luxe indiquant un très haut rang appartenant à Matsudaira (Ikeda) Naritoshi, un des douze plus riches daimyō (principaux gouverneurs de provinces issus de la classe militaire qui régnaient sur le Japon sous les ordres du shogun) du Japon.

Mon coup de coeur de l’exposition est aussi les ukiyo-e d’Utagawa Kuniyoshi. Des couleurs qui restent vives, une préservation intacte des estampes comme tous les autres estampes, mais la différence est qu’il présente ses personnages comme les acteurs du célèbre théâtre japonais kabuki. Cela peut être déroutant pour des néophytes, mais pour les japonais, sans même lire la description, ils reconnaîtraient certains des personnages jouaient dans les théâtres de leur salle. Bien que cela soit scénarisé, chaque estampe a un objet iconique lié à l’histoire de la route du Kisokaidō.

Prenez la route, un long et merveilleux voyage vous attend lors de cette exposition!

*Lieu : Musée Cernuschi –  7 Avenue Velasquez, 75008 Paris
*Dates : du 16 octobre 2020 au 8 août 2021.
*Billetterie : https://www.billetterie-parismusees.paris.fr/selection/timeslotpass?productId=101664589843&gtmStepTracking=true

Yougen – performance de sho et de cha no yu

La Sway Gallery nous a invité à découvrir des artistes japonais, qui nous ont présenté  des performances de calligraphie et de cérémonie de thé. Dans le traditionnel ou la modernité, la soirée nous a permis de nous détendre dans le silence et l’émerveillement.

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Le comité était restreint, en vue du petit espace de la galerie. Mais aussi parce que s’il y avait plus de monde, certaines personnes n’auraient pas pu profiter de la performance de cha no yu
(étant donné que celui-ci se déroule à même le sol).

Tout d’abord, l’artiste Natsuko KANNO s’est présentée, et nous a fait sa démonstration pour le Sho. Sho signifie la calligraphie asiatique au Japon. La calligraphie n’est pas définit que dans les résultats, mais aussi dans les mouvements de l’artiste. Effectivement, on peut apercevoir des rythmes différents pour chaque traits, passant d’une touche fine à une touche plus épaisse, d’un mouvement fluide, à beaucoup plus saccadé. L’avantage supplémentaire dont nous avons pu profiter, c’est que l’artiste s’est accompagnée d’un designer, Yudai SHIMIZU, et d’un programmateur, Taro TOKUI. Vous l’avez peut-être saisi, Natsuko KANNO nous a montré son mouvement corporel  dans un langage numérique! 

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Muni d’un gros pinceau et d’encre, les premiers mouvements ont lieu. Le système numérique suit ses mouvements, et nous montre une traînée de lumière comparable à des poussières d’étoiles. C’est donc bien la lumière qui suit l’artiste, et non l’inverse, comme j’ai pu filmer sur cette vidéo : https://youtu.be/gB5XwLI-dzo

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Pour clôturer cette soirée, nous passons au cha no yu. Les sho sont les plus significatifs quand ils sont exposés lors des cha no yu. Ils nous ont donc présenté une cérémonie de thé à la manière de kencha. On utilise ce terme lors des offrandes dans les temples bouddhistes et shinto, donc aux dieux, et aujourd’hui c’est aussi offert aux personnes prestigieuses. La présentation a été donné dans un style de l’école Higo-Koryu, qui était pratiqué et transmit dans les familles samouraï. 

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La lumière étant tamisée toute la soirée, il ne m’était pas possible de prendre de photos plus claires. 

Lieu : Sway Gallery
Dates : du 21 au 23 septembre 2018
Tarif : gratuit sur réservation
Vidéo YouTube sur ma chaîne : https://youtu.be/gB5XwLI-dzo

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Le tissage Nishijin-ori ~ 西陣織

L’espace DENSAN s’est associé à la Maison de la Culture du Japon à Paris lors d’une conférence et démonstration sur le tissage nishijin-ori. Entièrement tissé à la main, cette technique artisanale née à Kyōto est raconté par Yoko Katsuyama.

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Le nishijin-ori est l’un des tissus traditionnels les plus représentatifs du Japon. Elle utilise de la soie, des fils d’or et d’argent. Le tissage de la tapisserie tsuzure-ori est effectuée par l’artisane. Pour cela, elle dessine une image ou motif en grattant des fils colorés avec son ongle limé en dents de scie. C’est bien la caractéristique particulière qui était sur l’artisane qui tenait cette conférence, Yoko Katsuyama.
Cette conférence intervient durant les soixante ans du pacte amical qui lie Paris à Kyōto en 2018. À Kyōto, il y a une floraison d’entreprise industrielle, pour le fait-main. Le nishijin-ori est né lors de la guerre d’Ōnin, de 1467 à 1477, interposant des civils, à cause d’une querelle entre shogun. Durant cette guerre, on appelait le camps de l’Ouest : nishijin-ori. Le nom a été repris car ce fameux textile vient de là-bas.
À l’époque, il faut savoir que ce textile était uniquement destiné pour les différents sanctuaires du pays, à usage décoratif ou pour les tapisseries bouddhiques. La population n’avait pas le privilège d’en posséder. Pendant l’ère Meiji, certains de ces artisans étaient même envoyés en France! C’est une signature pour l’intérêt réciproque porté pour les différentes cultures, françaises et japonaises.

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Le tsuzure-ori est quasi similaire à la technique de la Manufacture des Gobelins, mais ses fils sont nettement plus fins. En raison de la subtilité de ces motifs, seulement quelques centimètres de fils de soie peuvent être tissés par jour.
Ces tissages servent de fabrication de kimono, de ceintures d’obi et des tuniques de cérémonie kesa des moines bouddhistes, qui coûtent très chers.
La demande de kimono a drastiquement diminuée en dix ans. En effet, à l’heure actuelle la demande tsuzure-ori a presque disparu. C’est pour cela que l’Atelier HAKURYUAN KATSUYAMA, présentatrice de cette conférence, essaye de développer des canaux de vente internationale, en touchant à l’architecture et à la mode. La création moderne est donc le thème qui pourrait sauver des siècles de cette technique artisanale.
Jusqu’au 15 novembre 2018, le travail de l’Atelier HAKURYUAN KATSUYAMA est placé à l’espace DENSAN, ouvert aux publics, en entrée libre.

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Dans cet atelier, il y a trois genres de tsuzure-ori :
– le classique (le traditionnel) : environ 40 fils de chaîne pour 3 cm seulement. Les fils sont légèrement plus épais ;
– le développé : environ 70 fils de chaîne pour 3 cm. Utilisant des fils ultra fins, une spécificité de l’Atelier HAKURYUAN KATSUYAMA ;
– le spécial : une autre spécificité de l’atelier, et qui permet un jonglage de tissu transparent.

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©NipponActif   Travail présenté lors de la conférence

Cet atelier vend des produits aux publics. Pour les créations artisanales, nous pouvons trouver :
– des obi, qui sont les ceintures pour les kimono ;
– des kicho, qui sont des anciens tissus pour cloison japonais ;
– des kesa, qui sont les tuniques de moine bouddhiste.

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©NipponActif   Yoko Katsuyama

Comme mentionné plus haut, ils s’attaquent aussi aux créations modernes telles que les produits mobiliers et les accessoires. Ils n’utilisent ni machine, ni papier de crête, donc si vous fournissez un dessin, tout le motif sera exprimé par tissage. Cette compagnie n’utilise que de la soie à 100%. Un coût qui peut être élevé en vue de la qualité du textile, mais aussi par le coût du travail du tisserand.
Sachez que depuis 2012, l’atelier gagne des prix, dont un d’affilé en 2015 et 2016, du « Prix du Ministre de l’Éducation, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie ».

Une démonstration de quinze minutes sur l’ingénieuse machine a eu lieu, avec l’artisane Yoko Katsuyama. À l’aide d’un dessin sur papier, elle va pouvoir mettre les fils au bon endroit. Les fameux ongles limés vont lui faciliter la tâche. En une journée, elle peut faire une dizaine de centimètres, selon si c’est avec ou sans motif. Et ce travail titanesque demande énormément de précision. Car si jamais l’artisan se trompe, il faut tout refaire! Il n’est pas possible de rattraper le travail, peu importe le nombre de fils dont ils se seront trompés.

L’adresse de l’Atelier HAKURYUAN KATSUYAMA :
226 Shinmoto-cho, Omiya-higashiiru, Nakadachiuri-dori Kamigyo-ku, 602-8257 Kyoto, Japan.
Leur site internet : http://www.hakuryuan-katsuyama.co.jp/

L’espace DENSAN, promulguant les traditions japonaises : http://www.espacedensan.com/

Vidéo que j’ai prise lors de la démonstration : https://www.facebook.com/nipponactif/videos/350999495672063/

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©NipponActif  Le tissage transparent

 

Vernissage ‘Couleurs du Japon’ par Hidenobu Suzuki

Le Japon, un pays, une culture, des traditions, qui rassemblent des personnes bien au-delà de leur frontière. À défaut de ne pouvoir voyager et visiter ce merveilleux pays, Hidenobu Suzuki nous fait profiter de ses clichés aux mille couleurs.

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©NipponActif

Hidenobu Suzuki est de base un ‘hair stylist’, habitant à Toyohashi, dans la préfecture d’Aichi. Mais il a un autre talent caché : la photographie. En plus de la prise de photos de somptueux paysages japonais, il est aussi un artiste de la photographie numérique. Comprenez par là qu’il s’amuse à retoucher les photos, selon ce qu’il perçoit. C’est la meilleure des combinaisons possibles dans cet art, afin de saisir le plan général et de le retravailler, pour enfin saisir l’essentiel qu’on ne peut voir à l’oeil nu. Ses photos donnent un air surréaliste, arborant des couleurs vives pour accentuer chaque détail, ne délimitant pas notre regarde que sur de simples sujets, mais en étendant notre perception sur tout le paysage environnant. Elles contrastent ainsi avec les lieux, les objets et les êtres vivants qui eux, existent bel et bien.

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©HidenobuSuzuki      Blue Heaven

Le mercredi 10 octobre 2018, je suis parti à la découverte de ses photos affichées dans une boutique atypique : la Maison de thé. Le décor de la boutique propulse bien les merveilleux tableaux photographiques. Une bouffée du Japon entre dans cette pièce, un voyage instantané nous fait évader. C’est la première fois qu’il expose son travail en France. L’une de ses techniques est une assimilation de la photographie et de la peinture japonaise. Sur ses photos, nous avons affaire à des sujets que nous avons l’habitude d’apprécier quand on connaît un minimum le Japon. Mais il a réussi à captiver notre attention avec des couleurs sensas! Personnellement, j’aimerai bien visiter les lieux où il a été… Ce talentueux photographe était présent lors de cette soirée, et on a pu en apprécier l’échange.

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©NipponActif   L’artiste Hidenobu Suzuki

Pour revenir brièvement sur son parcours, il se lance dans la photographie dès 2013. Il a étudié et pratiqué la peinture dès sa tendre enfance. Parcourant tout le Japon à la poursuite de clichés stupéfiants, il gagne la même année le prix à l’OLYMPUS FotoPus GRAND PRIX et le Gold prize of the week avec deux de ses superbes photos. En 2016, c’est au Carrousel du Louvre qu’il se voit récompenser de la médaille d’or de la photographie par le Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. Je vous laisse découvrir en images son époustouflant travail! Son exposition continue pendant quelques mois, n’hésitez pas à vous déplacer pour voir les choses en grand, l’entrée est libre!

*Lieu : Maison de thé – 76 Rue Bonaparte, 75006 Paris
*Dates : du 8 octobre 2018 au 19 janvier 2019
*Événement Facebook : https://www.facebook.com/events/305052283645158/
*Site photo de l’artiste : https://500px.com/hidenobu_suzuki

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©HidenobuSuzuki    Nagoya Castle

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©HidenobuSuzuki     The Silence of Enchantment 1

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©HidenobuSuzuki   A Soft Spring Day

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©HidenobuSuzuki  Nishikiga

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©HidenobuSuzuki    Mount Fuji, Dressed-Up

L’exposition du siècle d’Itō Jakuchū

Pour la première fois en Europe, trente toiles du célèbre peintre Itō Jakuchū sont présentées au Petit Palais de Paris. L’artiste se réincarne après ce long voyage du Japon en France, par le biais d’un monde à la vision réaliste et d’une magnificence incroyable. Découvrez en photo quelques toiles, et en écrit son histoire.

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©PetitPalais

Sa peinture et son histoire traversent des siècles, sans que sa vision n’en soit imperceptible, et visible aux yeux des vivants. Itō Jakuchū est un célèbre peintre au Japon, ayant vécu de 1716 jusqu’à sa mort en 1800 à Kyōto. Né dans une famille aisée et dans un quartier pittoresque, il était déjà un amoureux de la peinture dès l’âge de dix ans. Mais il a exercé son métier de peintre qu’à l’âge de quarante ans, ayant été grossiste juste avant, et confiant les rênes de l’entreprise à son frère. En 1733, l’art du réalisme pictural est né, et Itō Jakuchū s’en inspire sur toutes ses toiles. En 1757, il commence le chef-d’oeuvre de sa vie qui prendra dix années à peindre : Le Royaume coloré des êtres vivants. Le titre parle de lui-même, il explore le monde de la faune et de la flore. Trente rouleaux précieux qu’il peint avec un réalisme détonnant, surtout pour l’époque! Je ne raconterai pas tout de son parcours, car j’y reviendrai sur un prochain article, lors d’un événement qui va assouvir notre curiosité par la projection d’un documentaire qui lui est accordé!

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©PetitPalais    Nandina et coq

 

La première fois que ces rouleaux étaient exposés à l’étranger, c’était à la National Gallery of Art de Washington en 2012. La deuxième fois, nous avons cette chance exceptionnelle, de croiser ces rouleaux au Petit Palais de Paris. Un mois d’exposition de mi-septembre à mi-octobre, les rouleaux étant extrêmement fragiles, ils ne peuvent pas demeurer plus longtemps… Un mois pour des milliers de visiteurs de contempler des vieux pins, coqs, poissons, lotus, millets, moineaux, grenouilles et insectes divers. Ils abondent tous sur des toiles, et ils sont dessinés méticuleusement par Itō Jakuchū. Une technique lie toutes les toiles, c’est celle de la peinture sur soie en revers et avers, avec des couleurs vives, utilisant un amas de palettes colorées, avec la difficulté supplémentaire que le peintre utilisent aussi des pigments minéraux et des teintures naturelles. Tous les rouleaux présentent une finesse de traits, sans qu’aucune ligne de contours ne soit présente.

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©PetitPalais    Vieux pin et phénix blanc

Par exemple dans l’oeuvre du Vieux pin et phénix blanc sur la photo juste au-dessus, il applique la couleur ocre sur le revers, et j’avais réellement l’impression de voir de l’or, en vue de son reflet à la fois invisible et dynamique quand on « zoomer » (avec les yeux en l’occurrence, nous n’avions pas le droit de prendre des photos, même sans flash, une interdiction toujours liée à la fragilité des rouleaux). De grands rouleaux verticaux, on pouvait y passer plusieurs minutes afin de contempler chaque détail, où que l’on pose nos yeux, on avait quelque chose à entrevoir. D’aussi loin que je me souvienne, c’est la première fois que j’entends autant de : « Wouah », « C’est magnifique », « Un chef-d’oeuvre » pour une exposition. Étant donné que je suis toutes les semaines dans les musées de la région parisienne (et non, je n’ai pas d’intérêt que pour les expositions japonaises!), je peux vous garantir que l’effet du Royaume coloré des êtres vivants nous fascine tous sans exception, et avec autant de passion.

Le maître de la finesse

Par cet oeuvre, l’artiste témoigne d’une grande affection pour les animaux et la nature. Il a passé des années à observer les animaux, avant de les peindre et de nous le rendre palpable à vue d’oeil. Il y a avait un effet de 3D, et on savait qu’avec ce relief, il a dû utiliser d’autres objets. Quand je suis entrée dans la salle d’exposition, j’ai commencé par la fin… Enfin, je ne suis pas certaine que c’était la fin, mais la grande majorité des visiteurs ont commencés à mon opposé. Sans regret pour ma part. Il y avait tout de même une file d’attente d’environ 1H30 en dehors du musée! J’ai pu personnellement le contourner étant de la presse, mais l’empathie fonctionne à grande échelle avec moi, et suivre les nombreux visiteurs qui se bousculent, me fatigue rapidement. Faites donc comme moi, commencez par les rouleaux de la triade bouddhique intitulé Shaka Sanzon-zō, Triade de Sakyamuni. L’artiste était très pieux, il plaçait le Bouddhisme au coeur de sa vie, bien avant la faune et la flore. J’ose penser que c’est ce qu’il l’a sauvé, à un moment donné de sa vie où il avait tout perdu… On reviendra sur ce sujet lors du prochain article aussi, patience!

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©PetitPalais    Bodhisattva Manjusri

En 1999, il y a eu des travaux de restauration du Royaume coloré des êtres vivants qui durèrent six ans et ont permis de confirmer que le peintre utilisait la technique de l’urazaishiki. Une technique où il colore une partie des endroits en revers, pour donner un effet plus intense des couleurs sur la toile. On hésite sur un travail totalement en relief, incapable de déceler quelle partie a pu être travaillée des deux côtés, tellement le rendu sur ces soies est exceptionnel. Une chose ne nous trompe, ce sont les détails qui sont saisissants. Il y avait parfois des cercles avec un joli motif, mais vous savez, ceux qu’on dessinait à l’école avec nos compas ? Les rosaces. Sauf qu’ici je doute fortement qu’il s’est amusé à en faire de même, surtout que ses rosaces ne ressemblaient pas aux miennes, et si ce n’est que les siennes étaient dessinées très rigoureusement !

Rien a été laissé au hasard. C’est un voyage atypique que l’on a fait avec ses toiles. Il y a même un de ses rouleaux qui m’a fait rapidement penser à nos plages françaises… J’exagère peut-être, mais c’est mon ressenti. Si vous trouvez lequel, dites-le-moi. Autre que mes désirs refoulés des vacances, des plumes en veux-tu en voilà! Vous n’avez jamais prêté attention à un coq (malgré qu’il soit quand même l’emblème de notre cher pays)? Dirigez-vous vers le musée. C’est le plus beau coq qui m’est donné de voir dans ma vie. Encore plus magnifique que les coqs que l’on connaît, avec des courbes parfaites, et une abondance de plumes majestueuses, et dont même le paon n’a rien à envier.

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©PetitPalais   Roses et petits oiseaux

J’ai aimé tous les rouleaux, en y passant 1h30, alors que tout se passe dans une salle visible de long en large. Je peux le dire, j’ai limite étudié les tableaux. Deux tableaux m’ont fait rester plus longtemps que d’autres : Érable et petits oiseaux et Roses et petits oiseaux. Je viens de me rendre compte qu’à « l’écriture » de ces deux titres, on pourrait tomber dans le piège en pensant que c’est parce qu’il y a des petits oiseaux que j’ai été fasciné par ses tableaux… alors que non, ce sont pour les roses qui fleurissent toute la toile. Loin d’être ma fleur préférée, et le rose ma couleur de prédilection, il faut croire qu’ils avaient le pouvoir de me laisser me poser et rêvasser!
Alors, pour ceux qui se demandent quelle est ma couleur préférée, est bien c’est le bleu. Certains de ses tableaux révèlent plus précisément la couleur bleue de Prusse. Sachez qu’au moment où Itō Jakuchū l’avait utilisé, il n’était pas en vente au Japon… il a utilisé cette couleur 60 ans avant qu’un autre célèbre peintre l’utilise : Katsushika Hokusai. Il est devenu l’un des premiers propriétaires de cette couleur rare, difficile d’obtention à l’époque, au Japon, mais sans aucune conviction quant à la méthode de procuration de ce produit, je ne m’avancerai sur ce terrain qu’après quelques recherches que je vous ferai partager.

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©NipponActif   Le Petit Palais de l’extérieur

Dans cette collection, une harmonie règne dans le monde la peinture. Les animaux ne sont pas les seuls à être mis en avant, mais ils sont égaux à la nature qui les entourent. Lisez ces rouleaux, créez vous aussi l’histoire de votre perception, tout comme un espace regorge de mille histoires. Merci au Japon de nous avoir permis de voir de telles oeuvres, merci au Petit Palais de les avoir abrités quelques jours. Longue vie aux rouleaux!

Un spécial remerciement à Mme Beaujard et Mme Drapier.
Le jour où je publie cette article, il reste deux jours avant que les rouleaux repartent au Japon… Profitez, ce week-end le musée à des horaires d’ouvertures exceptionnels !

*Lieu : Petit Palais –  Avenue Winston Churchill, 75008 Paris
*Event Facebook : https://www.facebook.com/events/1746892875380357/
*Dates : du 15 septembre au 14 octobre 2018.
*Billetterie : http://www.petitpalais.paris.fr/preparer-sa-visite/billetterie

 

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©NipponActif   L’entrée à l’exposition

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©PetitPalais   Canards mandarins
dans la neige

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©PetitPalais   Vieux pin et paon

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©PetitPalais   Coqs

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©PetitPalais   Coquilles

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©PetitPalais    Poissons

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©PetitPalais   Bodhisattva Samantabhadra

 

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©PetitPalais    Boudhha Sakyamuni

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©NipponActif   Les 1H30 de queues

Atelier DAIKURA – Céramique de Bizen

L’artisanal est une partie intégrante dans la tradition japonaise. Au fil des millénaires, le Japon produit des objets d’une haute technicité. C’est alors que la Maison de la Culture du Japon à Paris accueille l’artisan Shuzo Ogawa et sa femme, afin de nous présenter ce qu’est la céramique de Bizen, et nous en faire la démonstration.

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©NipponActif Shuzo Ogawa pendant la démonstration

La céramique Bizen-yaki (備前焼) est une céramique japonaise, produit à l’origine dans la ville de Bizen (préfecture d’Okayama). Une fabrication qui perdure depuis maintenant 1.300 ans! Sans glaçure, ni décor peint, ce sont purement des flammes et de la terre qui produisent les motifs du résultat final. Lors de cette conférence, nous avons eu le droit à une démonstration d’exception. En effet, les patrons de l’atelier DAIKURA sont venus nous montrer en direct leur savoir-faire. On n’aura pas le droit aux flammes (logique), mais on assistera à la fabrication de céramiques de différentes tailles et modèles.

Une journée extrêmement ludique s’est déroulée devant nos yeux. Nous étions très peu nombreux en raison du quota de places restrictif. Un interprète était présent pour traduire l’histoire de l’entreprise DAIKURA qui existe depuis 2011, et nous montrer la variété de céramiques qu’ils fabriquent et vendent au Japon. C’est une entreprise familiale japonaise, mais aussi en vogue sur le marché de la Grèce et en Allemagne, à Berlin. Nous avons eu la conférence avant la démonstration, mais je vais me permettre de zigzaguer pour la compréhension de tous. Étant moi-même néophyte en la matière, je vais vous conter l’histoire de cette journée à ma manière!

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©NipponActif Résultat du pétrissage d’argile

Pour la fabrication de la céramique Bizen, il faut pétrir l’argile en amont pour enlever toute trace d’air, afin que la céramique ne se brise pas sous la pression du feu. On utilise ensuite l’un des six fours les plus anciens du Japon. Ce four peut contenir environ 1.000 pièces! Sous cette condition, la famille de Shuzo Ogawa décide d’assembler ce nombre en enfournant leurs céramiques qu’une à deux fois par année. Mais alors, pourquoi économiser sur ce temps d’enfournage alors qu’ils pourraient le faire plus souvent ? Pour y répondre, on évoquera deux raisons. La première, car la cuisson est sur deux semaines non-stop! Jours et nuits, sans interruption, et que le tout est cuit environ à 1.550 degrés. Il faut y garder un oeil, pour ne pas que le travail de plusieurs mois soit en vain. Et après ces deux semaines, il faut trouver le bon moment pour éteindre le feu, et là, il n’y a que des personnes avec de longues années d’expériences qui pourraient s’y coller. Ensuite, il faut le laisser refroidir pendant une semaine pour que les artisans récupèrent le tout, et rincent les cendres.
La deuxième raison est liée à la condition physique. Un artisan peut produire cinquante céramiques Bizen s’il est en forme. Et moins les autres jours, car cela demande beaucoup de travail physique et de dextérité. Donc si on commande un de leurs produits, il faudra savoir être patient! (Le lien de leur site est à la fin de l’article, les commandes peuvent être envoyées à l’étranger). De plus, une femme a aussi sa place dans ce métier, alors qu’à l’époque, il était interdit pour elles d’entrer dans le four. Malgré ce nouveau droit, Shuzo Ogawa et sa femme nous cacheront pas que ce métier n’est pas vraiment conseillé aux femmes à cause du travail physique assez important.

Maintenant on se tourne vers les résultats de ces longs mois de travail. Aucun émail n’est utilisé pour ces créations. Les couleurs et motifs varient selon leur emplacement dans le four durant la cuisson! Nous sommes donc capables de lire leurs histoires à travers ces céramiques. Le feu et la terre font naître une multitude de couleurs et motifs qu’il n’est pas possible d’en doser sa nuance précise. En effet, si une personne souhaite par exemple l’effet ao-bizen, donc la couleur bleue, sachez que le bleu sera nuancé du clair au foncé, sans que le potier ne puisse intervenir dans sa coloration. On sait juste qu’on peut obtenir du bleu quand l’objet est enfoui dans les cendres, ou caché par d’autres objets. l’ao-bizen n’aura pas de contact avec le feu du four.

Les autres couleurs existantes sont le goma, dit « sésame » car il y a l’apparition de petits points jaunes qui viennent de la projection des épines de pin.
L’effet sangiri, de couleurs gris-bleuté. Enterré dans la cendre, il n’y a ni les flammes, ni l’air qui l’atteignent.
Le botamochi, où l’on pose de petites tasses pour obtenir la forme du mochi, et le reste des contours aura l’effet goma.
Le hidasuki : hi signifie ici « écarlate » et dasuki est le cordon des kimono. C’est un motif en fil rouge.
L’effet fuseyaki est dû à l’empilement de plusieurs pièces pour avoir des effets différents.
Le shisoiro, (comme la couleur de la feuille de shiso) est assez représentatif de la céramique de Bizen car il s’approche de la couleur de la terre.
Le migaki donne un effet lustré au produit, même s’il est sans glaçure, tout simplement en lissant la pièce avant de le mettre en feu.

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©NipponActif

Je ne vais pas parler de toutes les couleurs qui en sortent, mais des images sur leur site vous en dira beaucoup plus que mes explications approximatives. Il est en plus possible de boire dans ces poteries qui ne pourriront pas, car elles sont propices à la consommation, de thé par exemple. L’atelier DAIKURA conclut que la prochaine relève est assurée, et nous donne rendez-vous dans cent ans… sans rire! Entre temps, ils élargissent le champ à l’international depuis 2015, en plus des pays que j’ai cité plus haut. Malheureusement, la céramique Bizen ne se vend plus comme autrefois. Ils vont donc dès à présent et à l’avenir, allier le traditionnel et la modernité face à la nouvelle demande. Une concurrence qui sera rude avec les premiers potiers modernes qui existent déjà, mais l’équilibre modernité – tradition que souhaite instaurer l’entreprise familiale, pourrait signer son unicité. DAIKURA propose des créations en céramique comme des carafes, tasses, coupes, vases, etc…

Sachez que les créations de l’Atelier Daikura sont visibles à l’Espace DENSAN au 8 bis rue Villedo 75001, et ce, jusqu’au 15 novembre 2018.

Un grand remerciement à Mme Cathy BION pour m’avoir permit d’assister à cette démonstration et à l’espace DENSAN pour l’organisation.

Site de l’atelier DAIKURA : http://www.dai-kura.com/en
Conférence et démonstration du 22 septembre 2018
Vidéo que j’ai pris lors de la démonstration : https://www.facebook.com/nipponactif/videos/698292620548821/
Deuxième vidéo prise et mis en ligne sur YouTube : Atelier DAIKURA – Céramique de Bizen

Site de l’espace DENSAN : http://www.espacedensan.com/exhibitor/

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©NipponActif

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©NipponActif Cadeau offert par l’atelier aux participants

Vernissage : l’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent

Une exposition au coeur des pensées du grand couturier Yves Saint Laurent. À l’instar de son travail méticuleux, l’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent retrace sa curiosité pour le continent asiatique, et plus précisément pour l’Inde, la Chine et le Japon. Il fallait s’attendre à ce que cela ne soit pas qu’une simple exposition, mais aussi une révélation des procédés de l’artiste. C’est parti pour la découverte de la toute première exposition temporaire thématique du musée!

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©NipponActif

Attention, l’exposition est ouverte qu’à partir de demain (2 octobre 2018). J’ai pris les photos suivantes lors de la conférence presse, avant l’ouverture aux publics. Si vous souhaitez garder la surprise de ce qu’il y aura lors de votre visite au musée, je vous conseille de ne pas continuer la lecture de cet article.

La grande renommée du personnage me conforte dans l’inutilité de vous le présenter. C’est donc pour cela que je vais rentrer dans le vif du sujet ! Une exposition que j’avais hâte de découvrir depuis au moins trois longs mois. Est-ce que l’attente en a valu la chandelle? OUI! Bien plus que ce que j’espérais. À partir de cette année, donc en 2018, il y aura quatre mois d’exposition thématique chaque année, en dehors de l’exposition permanente. On y verra 7.000 pièces textiles avec son processus en 81 collections.
En entrant dans la salle du hall principal, le thème est très rapidement imposé : trois murs sur quatre nous proposent une brève introduction quant au choix des pays et à son explication. Le directeur du Musée Yves Saint Laurent, Olivier Flaviano, et la commissaire de l’exposition, Aurélie Samuel nous accueillent durant les quelques heures de la visite guidée.

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©NipponActif Aurélie Samuel et Olivier Flaviano

Comme Olivier Flaviano l’a si bien expliqué, le titre porte à confusion. Effectivement, nous savons ce qu’est le rêve endormi. Cependant, le travail du créateur s’est plutôt immortalisé dans un rêvé éveillé. Celui s’imprégnant des dynamismes culturelles d’un continent vaste et regroupant des pays avec des identités propres. Yves Saint Laurent se nourrit de littératures, de musiques, de théâtres et de cinémas. Il va au-delà de la démarche purement professionnelle, et se rapproche de la démarche artistique, culturelle et sociale. En 1983, au milieu de sa carrière, une exposition sur Yves Saint Laurent s’ouvre au Metropolitan de New York, il dit lors d’une interview avec le journal Le Monde : « L’imagination, comme un fleuve, charrie toute la peinture, la littérature, la sculpture, la musique que je porte en moi pour s’incarner dans mes collections ». Choses dites, choses faites!
Le directeur du musée est aussi inspiré par une autre citation de Jean Cocteau : « Pour les artistes, il ne faut pas finalement parler d’inspiration, mais d’expiration. Puisque ces choses ne nous tombent pas de quelque ciel, mais sortent de nos profondeurs ». Olivier Flaviano trouve que cette phrase accroche à merveille au travail d’Yves Saint Laurent.

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©NipponActif

La commissaire de l’exposition, Aurélie Samuel prend à son tour la parole, pour nous donner son avis. Pour elle, le travail d’Yves Saint Laurent va au-delà du cadre du travail, il a une démarche qui est intellectuelle et historique. Et l’on commence le sujet avec l’Asie pour la toute première exposition temporaire du musée. Un thème qui n’a donc pas été choisi au hasard. Le but de l’exposition est aussi d’expliquer et de contextualiser en essayant de comprendre ses sources d’inspiration mais aussi la façon dont il a digéré les influences et les différentes pensées de ces cultures auxquelles il s’est intéressé. Le fait d’avoir choisi que ces trois pays, au lieu de l’Asie du Sud-Est ou de la Corée, est justifié par le fait que l’Inde, la Chine et le Japon sont les plus connus en Europe. Mais surtout qu’à travers leur vêtement, un certain nombre de coutumes y sont véhiculées. Yves Saint Laurent essaie d’en comprendre la forme, la technique et surtout son usage. Ce sont des pays où le vêtement raconte une histoire : le statut social, le statut religieux et la place qu’ils ont en société. L’artiste va essayer de comprendre, reprendre et réinterpréter à sa manière, sans pour autant complètement déformer la base. Certains objets sont empruntés au Musée Guimet pour cette collaboration, afin de mettre en concordance le travail d’Yves Saint Laurent aux objets d’arts asiatiques.

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©NipponActif

Mon site communiquant sur les richesses japonaises, et voulant me soustraire à cette condition, je ne vous parlerai que de la collection japonaise. Je mettrai tout de même les photos de l’ensemble des collections que j’ai pu prendre. Sachez qu’Yves Saint Laurent a été en visite que dans un seul pays, le Japon. Pour l’Inde et la Chine, il s’est inspiré de beaucoup d’éléments cités plus haut, mais il les a réinterprétés. Alors que pour le Japon, il n’y a pas eu de réinterprétation. Vous verrez aussi beaucoup plus de pièces de collection pour l’Inde et la Chine que pour le Japon.

Il était fasciné par l’époque Edo (1600 – 1868), notamment par l’histoire du pouvoir impérial et du théâtre kabuki. Il va dans cette exposition revisiter le kimono. Ce sont des vêtements qui contraignent les mouvements, cela peut aller aux personnes d’influences qui ont un travail dans les hauts rangs. Il va garder la fluidité des lignes, mais va accompagner les mouvements au lieu de les contraindre. Pierre Bergé (compagnon de l’artiste) et Yves Saint Laurent avaient arpenté les rues de Gion, une ville de Kyōto, là où déambulent des courtisanes. Ils adorent le kabuki, et iront plusieurs fois regarder ces pièces de théâtre. Comme Yves Saint Laurent a un profond respect pour le Japon, son harmonie avec la nature, des habits qui ne peuvent que correspondre à ce pays, et qu’il connaît bien le pays, il n’arrive pas à s’extraire d’une restitution fidèle. Le kimono que nous pouvons voir lors de l’exposition peut se porter pour une soirée, et a été occidentalisé qu’en enlevant le obi, qui est la ceinture car il n’est pas toujours simple de le porter, par de la passementerie mais ça reste un kimono japonais hormis ce détail. Derrière, il y a une estampe de courtisanes pour rappeler le fait qu’il est allé à Gion. Contrairement à l’Inde et la Chine, c’est une Asie qu’il a vu, et qu’il a digéré et recréé le plus fidèlement possible. Même Kenzo admet que c’est sans doute le couturier qui a le mieux comprit la culture japonaise et le vêtement japonais.

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©NipponActif

La veste Iris de 1988 est inspirée de Vincent Van Gogh, qui a son tour est inspiré de Katsushika Hokusai. Yves Saint Laurent a le tableau devant ses yeux pour redessiner cette estampe, avec même ses contours noirs typique des estampes japonaises. Avec ce rendu de la 3D en provenant de la 2D, le rendu s’approche plus de l’estampe d’Hokusai, que de la peinture de Van Gogh. La pièce concernant le Japon a une lumière beaucoup plus tamisée, Une collection riche en couleur, en histoire, un parcours idyllique dans les rêves du créateur, qui nous fait rêver à notre tour. Cette passation visuelle créée une empathie avec le couturier, qui nous emmène en voyage. Découvrez sans plus tarder une cinquantaine de pièces de collection lors de cette exposition, et il n’y a pas à appréhender cet héritage. J’ai moi-même appréhendé cette exposition de peur que l’essence de son inspiration n’en soit déstructuré, mais la très grande majorité de ce qui est exposé reste fidèle aux vêtements traditionnels que je connais, et que vous connaissez peut-être.

*Événement Facebook : https://www.facebook.com/events/431135614081772/
*Dates : du 2 octobre 2018 au 27 janvier 2019
*Lieu : Musée Yves Saint Laurent – 5 Avenue Marceau, 75116 Paris
*Billetterie et tarifs : https://billetterie.museeyslparis.com/

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©NipponActif

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©NipponActif

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©NipponActif

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