Smaïl Kanouté est un graphiste, chorégraphe, danseur et artiste plasticien. Il découvre l’histoire véridique du seul samouraï noir du Japon du 16ème siècle, et puise en cette légende toute l’inspiration nécessaire pour en faire une vidéo et l’exposer à la Maison Européenne de la Photographie (MEP).
Une vidéo de 15 minutes, riche en mouvements, riche en mots-clés, relatant l’histoire de Yasuke Kurosan. L’unique africain à avoir été anobli après le 8 mars 1581, le jour de leur rencontre. Il avait aux alentours de 30 ans, selon son « détenteur » (période esclavagiste), le daimyo de Kyōto : Oda Nobunaga.
La diversité d’une autre époque
Smaïl Kanouté rend grâce à un personnage, un « héros », sur un schéma romanesque. La diversité est le mot d’ordre dans l’un de ses volets triptyque. Effectivement, il combine l’aïkido, le bushido, ou encore la cérémonie du thé ainsi que le butô, dans une puissance énergétique maîtrisée. Le tout dans divers paysages japonais, que ce soit la ville, la campagne, les temples, etc… L’histoire qu’il conte dans sa vidéo mentionne plusieurs pays, dont l’Amérique ou encore la France (La Chapelle ou encore Château d’Eau (ligne 4 du métro parisien)). Ses rencontres avec des sensei nous indiquent aussi l’art qu’il va exploiter avec sa chorégraphie. Il utilisera aussi de la peinture sur son corps, inscrivant ainsi plusieurs mots, représentatif de la vie de Yasuke Kurosan, ou du moins ce que l’on devine.
La Maison Européenne de la Photographie invite par la suite et sur plusieurs étages, une exposition sur deux artistes photographes, dont Shomei Tomatsu.
Shomei Tomatsu décide de photographier la population japonaise d’après guerre, une population qui essaie de survivre à la crise : chômeurs ou ceux ayant des petits métiers, et tout cela sous l’influence de l’occupation américaine.
Il ne prendra pas que des personnes en photo, mais jouant sur l’abstraction avec son appareil, on découvre aussi des scènes avec objets, des détritus ou encore de la nature. Sa passion ne le limite pas qu’à une image figée, il mène aussi des convictions personnelles comme les problèmes écologiques. Ils prendront scènes sur des photos plutôt sombres, même s’il commence à utiliser de la couleur avec des photos beaucoup plus pacifistes, comme de merveilleuses cerisiers en fleurs (sakura).
Daido Moriyama – TŌKYŌ
Le dernier artiste photographe est Daido Moriyama. J’admets avoir eu un coup de coeur pour ses oeuvres, tantôt colorées, tantôt dérangeantes. Mais qui amène à une grande curiosité.
Alors qu’il a 25 ans, il réalise une de photos sur des… foetus. Il débute sa carrière en étant défaitiste, et voit son oeuvre comme s’il repartait de zéro dans sa vie. Dans une période de l’histoire de plus en plus récente (2008), on aperçoit certains de ses Polaroids. Il a toujours pris ses clichés au Polaroid, mais en 2008, la société Polaroid cesse sa fabrication. Daido Moriyama lui rend donc hommage en couleurs.
En 2016, il profite de son nouvel appareil, pour passer du noir au blanc, aux couleurs, qui trouvent ça finalement fascinant. Il ne reste pas dans ce qu’offre une ville dynamique en termes de couleurs ou de détails, il s’attaque aussi à l’âme des tokyoïtes et tentes d’entrevoir leur quotidien qu’il trouve fascinant. Sa suggestion s’appuie fortement sur les femmes dans son travail sur « Pretty Woman ».
On se prépare pour un voyage dans le temps et des lieux, des messages forts sont véhiculés dans cette exposition. Je remercie la Maison Européenne de la Photographie pour son accueil, et son travail, ainsi que bien évidemment à ces auteurs pour cette exposition riche en découverte.
*Lieu : Maison Européenne de la Photographie – 5/7 Rue de Fourcy, 75004 Paris *Dates : – du 19 mai au 29 août 2021 pour Smaïl Kanouté – du 19 mai au 24 octobre 2021 pour Moriyama et Tomatsu *Tarif : 11€ plein tarif. *Billetterie :https://maison-photographie.tickeasy.com/fr-FR/produits
Le Musée Guimet est LE musée parisien par excellence des arts asiatiques. Entre les expositions permanentes et temporaires, on ne cesse de voyager tout en étant dans une énorme bâtisse à plusieurs étages. Aujourd’hui, l’exposition sur les « Jardins d’Asie » est présentée au musée jusqu’au 20 septembre 2021. Bien que cette exposition soit riche en objets et histoires sur plusieurs pays du continent asiatique, je vais uniquement faire un zoom sur le Japon.
Les japonais sont amoureux de la nature depuis toujours. Leur quiétude s’installe alors souvent dans leur jardin. Terrain d’idées, d’imagination, de repos ou de méditation, certains auteurs nous permettent de les contempler d’aussi loin que nous sommes, des jardins de Lahore à Kyōto. Il y a 80 oeuvres lors de cette exposition, des ateliers et aussi un spectacle selon le planning journalier (à se procurer à l’accueil).
L’aménagement des jardins japonais s’attachent à l’arrangement des arbres, des pierres et des eaux. Ce principe est un hériter de la tradition chinoise, même si chacun des deux pays ont leur propre signature. Il y a toujours un esthétisme parfait et une symétrie dans chaque regard posé dans cette nature retravaillée. Une nature vivante, transitoire à chaque saison que les années défilent.
Lors de cette exposition, vous pourrez voir par exemple des tirages de photos du jardin du Dainichi-do à Nikko, le jardin du pavillon d’Argent Ginkaku-ji ou encore le jardin du Prince Hotta. Toutes les photos de ce jardin datent d’environ 1890.
On retrouve également des recueils de fleurs et de plantes herbacées, des plats (assiettes) à décor, des estampes de japonais dans leur quotidien (et dans leur jardin bien sûr). Le jour où je me suis rendu à l’exposition, j’ai eu la chance d’assister à un spectacle appelé kamishibai. C’est l’art de conter de façon théâtrale des histoires, mais la particularité est surtout dans la partie logistique. Elle est petite et ambulante. Effectivement, la scène du théâtre fabriquée est appelée butai. Elle a une taille prédéfinie, pour accueillir des planches de dessins, comme vous pouvez l’apercevoir sur l’image suivante.
Moins de 2h suffisent pour le spectacle et l’exposition, pour les grands comme les petits. Le billet pour l’exposition temporaire permet aussi de profiter des expositions permanentes, par contre pour cela, il vous faudra 3h de visite en plus pour les plus courageux.
*Lieu : Musée National des Arts Asiatiques – Guimet – 6 place d’Iéna 75116 Paris *Dates : du 7 juillet au 20 septembre 2021 *Tarif : 11,5€ plein tarif. *Billetterie : https://billetterie.guimet.fr/fr-FR/accueil
La route du Kisokaidō fait partie d’une des cinq voies du réseau routier créé au Japon durant l’époque d’Edo (1603-1868). L’exposition qui lui est dédiée au Musée Cernuschi met en chemin une série complète de cette route, réalisée par Keisai Eisen et Utagawa Hiroshige.
Deux semaines pour traverser Edo (l’actuel Tōkyō) et Kyōto (~540km). Pèlerins, marchands, moines itinérants, touristes, marchands, le compte y est pour un long voyage d’autrefois. Cette exposition nous fait réellement vivre une traversée au milieu de villes, de campagnes, de montagnes ou encore de littoraux en quatre saisons. C’est à la limite de l’immersive si nous nous concentrons bien sur les détails. Les ukiyo-e sont présentés dans un ordre précis (vous pourrez le remarquer grâce à la numérotation en-dessous des tableaux). Bien qu’il y ait 69 relais, attendez-vous à plus de tirage (des doubles et autres).
Pour compléter ces représentations, il y aura quelques objets présentés comme le nécessaire de fumeur, la statue puissante de l’une des cinq divinités gardiennes du bouddhisme ésotérique (Fudō Myōō), l’armure de Matsudaira Naritami (déjà présenté au Palais de Tokyo de Paris) ou encore une paire de sabres d’un luxe indiquant un très haut rang appartenant à Matsudaira (Ikeda) Naritoshi, un des douze plus riches daimyō (principaux gouverneurs de provinces issus de la classe militaire qui régnaient sur le Japon sous les ordres du shogun) du Japon.
Mon coup de coeur de l’exposition est aussi les ukiyo-e d’Utagawa Kuniyoshi. Des couleurs qui restent vives, une préservation intacte des estampes comme tous les autres estampes, mais la différence est qu’il présente ses personnages comme les acteurs du célèbre théâtre japonais kabuki. Cela peut être déroutant pour des néophytes, mais pour les japonais, sans même lire la description, ils reconnaîtraient certains des personnages jouaient dans les théâtres de leur salle. Bien que cela soit scénarisé, chaque estampe a un objet iconique lié à l’histoire de la route du Kisokaidō.
Une cérémonie du thé est ce qu’il y a de meilleur pour un moment de détente pendant les rush parisiens. En mode express, j’ai eu l’opportunité de déguster un bon thé au matcha avec l’Omotensenke Fuhaku-ryu dans les locaux de l’AAA (Association des Amitiés Asiatiques).
L’Omotenseke (表千家) est l’une des grandes écoles pour la cérémonie du thé japonais. Entre autre, nous verrons aussi souvent les écoles Urasenke(裏千家) et Mushakōjisenke (武者小路千家). Ce qui différencie ces écoles, c’est le côté stylistique. Les gestes vont être plus ou moins rapides ou répétitifs. Les ustensiles utilisés seront de matières différentes, et le résultat obtenu en sera tout autant.
Pendant trente minutes, deux hôtesses vont nous montrer un extrait d’une cérémonie de thé japonais dans les gestes de leur école : OmotesenkeFuhaku-ryu. Cette cérémonie n’est pas seulement faite pour déguster un bon thé au matcha et en apprécier le goût. Si cela ne tenait qu’à une simple dégustation, les écoles n’existeraient pas. Or, il faut parfois plusieurs années pour perfectionner cet art. Une cérémonie implique que tous les détails soient organisés d’avance. Rien à envier au tea time de notre cher voisin. Et grâce à l’AAA, nous allons vite nous apercevoir de la subtilité de cet art.
De l’apparition de l’hôte(sse) à leur retrait, absolument tous les gestes sont réfléchis, et non pas que sur la table. L’inclinaison de la personne, la façon de tourner les bols avant de nous servir, le fait que le service soit unique – il / elle ne prendra jamais deux ou trois bols à la main pour servir le maximum de personnes. Le service est accordé à une et unique personne à chaque fois. Je vous laisse imaginer le nombre d’aller / retour, surtout que nous ne sommes pas dans un bar en présence de plusieurs serveurs. Jusqu’à présent j’en ai vu quelques-uns qui étaient seuls ou accompagnés d’une autre personne pour aider à servir.
Chaque objet nous paraît précieux, démontré à la délicatesse lors de tenue du bol et des objets. J’avais déjà été dans une autre cérémonie où les mêmes objets étaient utilisés pendant cent ans! Et on y voyait aucune égratignure… C’est le soin qu’accorde le procédé traditionnel qui en fait sa longue utilisation. Le bon bol de thé au matcha était accompagné de wagashi, une douceur japonaise qui est tout le temps présent lors de la cérémonie de thé.
Nous ressentons fortement ce côté prestigieux, non pas que par le matériel, mais aussi par le goût. Certaines de leur technique permettent des goûts plus ou moins intenses, avec ou sans mousse. Ce que j’ai pu goûter jusqu’à ce jour, en plus de cette dégustation, étaient toujours doux… je ne me rappelle plus du drama que j’avais regardé il y a quelques années, où la quantité de matcha était hallucinante, amenant à l’aspect visuel un côté de… purée verte. Je n’ose en imaginer le goût. Aujourd’hui, il est difficile de trouver une cérémonie du thé traditionnel qui peut durer environ 4H. Je parle en France, car au Japon c’est logiquement possible. Je pense notamment qu’il faut comprendre d’avance les rites qui relèvent de la maniaquerie et avoir une patience sans égale pour pratiquer et admirer cet art.
Un show très impressionnant et unique en son genre s’est déroulé au Théâtre National de Chaillot. Bluffée par leur performance, cela m’a prit quelque temps afin de collecter des informations à ce sujet. C’était une première pour moi, et sûrement pas la dernière! Je vous éclaire sur cette soirée.
En plus de la recherche d’informations, j’ai aussi dû attendre les droits à l’image… dont je n’ai toujours pas la réponse. J’accréditerai donc les images à la source. Trêve de mondanité! Le kabuki est un art multiséculaire qui n’appartient qu’au Japon. C’est un genre de théâtre très codifié, mettant en avant des acteurs qui sont costumés et maquillés. Avec cette explication, je vous décris le théâtre japonais au sens large. Ce théâtre existe depuis environ 400 ans, et son histoire est riche et diversifié. Le kabuki a évolué avec son temps, même s’il tient toujours une base ancrée qui est immuable et unique. Les comédiens Nakamura Shido et Nakamura Shichinosuke ont fait une représentation sur Paris, pour un moment de découverte, d’extravagance et des temps forts spectaculaires. Ils nous présentent l’un des nombreux aspects du kabuki : leyarō kabuki.
Le yarō kabuki (野郎歌舞伎) est une évolution du kabuki d’origine. Beaucoup plus sophistiqué, des hommes se spécialisent autant dans leur genre, que dans celui de la femme! On appelle ces hommes qui jouent le rôle de femmes des onnagata (女形). Un rôle qui est pris au sérieux au Japon, car très peu d’hommes sont aptes à le jouer à la perfection, voir au-delà, et à être catalogué officiellement comme un/une onnagata. En effet, certains de leur jeu d’acteur dépasse les qualités même d’une actrice dans le même rôle! Faut dire ce qu’il en est, par moment j’oubliais que c’était un homme. Du moins sa voix surjouée (dans les aiguës) me le faisait rappeler, mais sans pour autant pouvoir se moquer de l’acteur. Au contraire, je n’ai eu que d’admiration pour ce personnage… j’en suis tombée amoureuse!
Le maquillage est exactement celui que je vous avais expliqué dans l’article sur le stage de danse du professeure Juju Alishina : le maquillage shironuri. D’un blanc immaculé, on ne prête pas ce maquillage que pour les geisha et le nihon buyō, mais surtout pour le kabuki. De tous les spectacles de kabuki que j’ai pu voir jusqu’à présent, c’est celui où j’ai été le plus impressionné au niveau du choix des kimono / yukata, et des accessoires. Criard de sophistication, de perfection à tous les niveaux, le choix des costumes est à coupé le souffle. De superb motifs, on ne pouvait pas reposer nos yeux tellement il y avait de choses à voir. Il arrivait que l’onnagata restait immobile pendant de longues minutes devant nous sans dire un mot pour laisser jouer l’autre acteur. Mais ce n’est pas dû au hasard. À mon humble avis, c’est pour nous laisser regarder en détail le travail prodigieux accompli par l’équipe en backstage sur l’aspect esthétique des personnages. Et quel travail!
Il n’y a pas que le costume et le maquillage qui étaient élégants. Nous avions surtout aimé leur manière de jouer. Tantôt nous plongeant dans un drame, tantôt dans des scènes explosives. Rude, droit et fière pour l’homme, courbe gracieuse, parfois à l’allure dandinée et douce pour la femme.
Mais qu’est-ce que Iromoyō Chotto Karimame Kasane et Narukami? Et bien c’est la sélection de deux histoires que les comédiens joueront en deux temps. Tout d’abord Iromoyō Chotto Karimame Kasane qui durera 50 minutes. C’est l’histoire d’un rōnin(浪人) qui se surnomme Yoemon et d’une demoiselle de compagnie, Kasane qui connaissent un amour sans avenir, et se rendent dans une rivière pour se suicider. Mais coup de théâtre, c’est Yoemon qui assassine sa bien-aimée. Kasane devient alors un fantôme, et se venge. Il faut savoir que le kabuki est relativement difficile à comprendre. Ce sont des situations complexes rythmées par des dialogues avec un langage soutenu, que même un japonais natif pourrait avoir dû mal à comprendre. Il est donc essentiel quand on va voir un kabuki, de s’informer sur l’histoire de la pièce qui va être jouée pour ne pas s’emmêler les pinceaux ou pire, ne rien comprendre au scénario. Lors de cette soirée, nous avons quand même eu un kit (oreillettes) de traduction et brèves explications de ce qui se produisait sur scène.
Après l’entracte de 30 minutes, on passe à la pièce qui durera 1h20 : Narukami. C’est le nom d’un moine qui a emprisonné Ryujin (Dieu de la pluie ayant l’apparence d’un dragon) car il éprouvait de la rancoeur contre l’Empereur. Depuis il ne pleuvait plus nulle part. Dans la première partie du spectacle il fallait rompre cette malédiction, et donc l’Empereur envoya la Princesse Kumo no Taema (Lumière entre les Nuages) discrètement pour abuser de sa confiance et trouver le moyen de briser la malédiction en coupant une corde spécifique. Dans la seconde partie, on a des scènes beaucoup plus dynamiques. La traîtresse ayant été démasqué, le moine incarna un démon. Fou de rage, son maquillage et son costume change du tout au tout. C’est quand même extraordinaire d’avoir un look complètement différent passant de la perfection à l’imperfection, et d’être toujours aussi classe. Rien est laissé au hasard.
Lieu : Théâtre national de Chaillot – 1 Place du Trocadéro, 75016 Paris Date : 18 septembre 2018
Certains internautes m’avaient fait la remarque que je n’avais pas pris de vidéo lors de la séance d’apprentissage du nihon buyō tenue par Juju Alishina (Article « Dansez avec Juju Alishina : Nihon Buyō »). Chose faite lors de ce spectacle à la Maison de la Culture du Japon à Paris!
En effet lors du stage de danse, il m’était impossible de prendre de vidéos car je n’en avais tout simplement pas l’accord. De plus, ce jour-là ce n’était pas une performance sur scène. La MCJP a quant à elle permit de découvrir cette magnifique danse sur scène! J’avais déjà expliqué dans l’article du professeure Juju Alishina ce qu’était cette danse, mais rappelons-le en une phrase : c’est la danse des geisha. Pas que, mais comprenez que cela fait intégralement partie des cordes de ces femmes japonaises aux nombreux talents.
L’école Ichiyama, de la ville de Niigata, nous a offert un somptueux spectacle de danse, mais aussi de comédie, et de décors inédits! Un scénario qui n’est pas toujours facile à comprendre, malgré l’absence de dialogue. Mais on se laisse volontiers envoûter par les courbes enchanteresses des élèves, et des gestes parfois doux, parfois saccadés selon l’expression qu’elles souhaitent nous divulguer. Une élégance maîtrisée pendant une heure. Il y a deux choses qui m’ont captivées. Sans surprise, leur tenu et leur maquillage : la tenue est magnifique, je suis toujours éblouie devant tant de beauté. On distingue aisément la superbe qualité du textile, les motifs divers et les couleurs variées. Le maquillage toujours aussi… blanc. Je conçois, la manière dont je le dis paraît fade et en fait un détail inutile. Détrompez-vous, ce qui m’impressionne dans ce maquillage, c’est que les expressions faciales sont extrêmement limitées, voir inexistantes. Je vous avais déjà expliqué le procédé de maquillage de ces danseuses, et étant un produit qui se solidifie sur le visage, il est étonnant que tout le reste du corps parle pour évacuer leur ressenti. La deuxième chose par laquelle j’ai été captivé est… le bruit du vêtement. C’est atypique comme remarque mais cela ne m’a pas échappé. J’étais alors au plus près de la scène, pour une fois (si on épargne le fait que j’ai une ponctualité légendaire dans mon quotidien). Et à chaque mouvement des actrices, j’entends le bruit des tissus qui se frottaient, et le contact entre le vêtement et le parquet. C’était… agréable, car j’imaginais par cette écoute à quel point le kimono pouvait être soyeux.
Sur l’une des scènes des élèves, on pouvait aussi y voir un personnage avec une double facette. Ce n’était pas une geisha ou maiko, mais une femme « voilée » (pas dans la voie de la religion musulmane), et sur l’arrière de sa tête, elle portait un masque de renard. Cette élève jouait donc deux personnages différents! Ce qui était complexe, c’est qu’au moment de jouer le renard, tout son corps étant voilé, elle devait jouer comme si l’arrière de son corps, était aussi l’avant. C’était une technique prodigieuse et à la fois rapide si le personnage ne veut pas s’embêter à changer de costume.
Un autre luxe que l’on a pu s’offrir, celui d’avoir un cours de danse dans laquelle des personnes du public étaient invités ! Je vous laisse visionner ce cours de danse dans la vidéo que j’ai posté sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=y4zr96EAhDQ&t= Les heureux élus ont pu pratiquer cette danse et se sont vus offrir de magnifiques éventails pour leur participation. Et d’autres personnes du public ont pu rattraper des tissus pour les furoshiki (dont moi)! Un cadeau de l’école qui espérons-le, reviendront un jour!
L’espace DENSAN s’est associé à la Maison de la Culture du Japon à Paris lors d’une conférence et démonstration sur le tissage nishijin-ori. Entièrement tissé à la main, cette technique artisanale née à Kyōto est raconté par Yoko Katsuyama.
Le nishijin-ori est l’un des tissus traditionnels les plus représentatifs du Japon. Elle utilise de la soie, des fils d’or et d’argent. Le tissage de la tapisserie tsuzure-ori est effectuée par l’artisane. Pour cela, elle dessine une image ou motif en grattant des fils colorés avec son ongle limé en dents de scie. C’est bien la caractéristique particulière qui était sur l’artisane qui tenait cette conférence, Yoko Katsuyama.
Cette conférence intervient durant les soixante ans du pacte amical qui lie Paris à Kyōto en 2018. À Kyōto, il y a une floraison d’entreprise industrielle, pour le fait-main. Le nishijin-ori est né lors de la guerre d’Ōnin, de 1467 à 1477, interposant des civils, à cause d’une querelle entre shogun. Durant cette guerre, on appelait le camps de l’Ouest : nishijin-ori. Le nom a été repris car ce fameux textile vient de là-bas.
À l’époque, il faut savoir que ce textile était uniquement destiné pour les différents sanctuaires du pays, à usage décoratif ou pour les tapisseries bouddhiques. La population n’avait pas le privilège d’en posséder. Pendant l’ère Meiji, certains de ces artisans étaient même envoyés en France! C’est une signature pour l’intérêt réciproque porté pour les différentes cultures, françaises et japonaises.
Le tsuzure-ori est quasi similaire à la technique de la Manufacture des Gobelins, mais ses fils sont nettement plus fins. En raison de la subtilité de ces motifs, seulement quelques centimètres de fils de soie peuvent être tissés par jour.
Ces tissages servent de fabrication de kimono, de ceintures d’obi et des tuniques de cérémonie kesa des moines bouddhistes, qui coûtent très chers.
La demande de kimono a drastiquement diminuée en dix ans. En effet, à l’heure actuelle la demande tsuzure-ori a presque disparu. C’est pour cela que l’Atelier HAKURYUAN KATSUYAMA, présentatrice de cette conférence, essaye de développer des canaux de vente internationale, en touchant à l’architecture et à la mode. La création moderne est donc le thème qui pourrait sauver des siècles de cette technique artisanale.
Jusqu’au 15 novembre 2018, le travail de l’Atelier HAKURYUAN KATSUYAMA est placé à l’espace DENSAN, ouvert aux publics, en entrée libre.
Dans cet atelier, il y a trois genres de tsuzure-ori :
– le classique (le traditionnel) : environ 40 fils de chaîne pour 3 cm seulement. Les fils sont légèrement plus épais ;
– le développé : environ 70 fils de chaîne pour 3 cm. Utilisant des fils ultra fins, une spécificité de l’Atelier HAKURYUAN KATSUYAMA ;
– le spécial : une autre spécificité de l’atelier, et qui permet un jonglage de tissu transparent.
Cet atelier vend des produits aux publics. Pour les créations artisanales, nous pouvons trouver :
– des obi, qui sont les ceintures pour les kimono ;
– des kicho, qui sont des anciens tissus pour cloison japonais ;
– des kesa, qui sont les tuniques de moine bouddhiste.
Comme mentionné plus haut, ils s’attaquent aussi aux créations modernes telles que les produits mobiliers et les accessoires. Ils n’utilisent ni machine, ni papier de crête, donc si vous fournissez un dessin, tout le motif sera exprimé par tissage. Cette compagnie n’utilise que de la soie à 100%. Un coût qui peut être élevé en vue de la qualité du textile, mais aussi par le coût du travail du tisserand.
Sachez que depuis 2012, l’atelier gagne des prix, dont un d’affilé en 2015 et 2016, du « Prix du Ministre de l’Éducation, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie ».
Une démonstration de quinze minutes sur l’ingénieuse machine a eu lieu, avec l’artisane Yoko Katsuyama. À l’aide d’un dessin sur papier, elle va pouvoir mettre les fils au bon endroit. Les fameux ongles limés vont lui faciliter la tâche. En une journée, elle peut faire une dizaine de centimètres, selon si c’est avec ou sans motif. Et ce travail titanesque demande énormément de précision. Car si jamais l’artisan se trompe, il faut tout refaire! Il n’est pas possible de rattraper le travail, peu importe le nombre de fils dont ils se seront trompés.
L’adresse de l’Atelier HAKURYUAN KATSUYAMA :
226 Shinmoto-cho, Omiya-higashiiru, Nakadachiuri-dori Kamigyo-ku, 602-8257 Kyoto, Japan.
Leur site internet : http://www.hakuryuan-katsuyama.co.jp/
Pour la première fois en Europe, trente toiles du célèbre peintre Itō Jakuchū sont présentées au Petit Palais de Paris. L’artiste se réincarne après ce long voyage du Japon en France, par le biais d’un monde à la vision réaliste et d’une magnificence incroyable. Découvrez en photo quelques toiles, et en écrit son histoire.
Sa peinture et son histoire traversent des siècles, sans que sa vision n’en soit imperceptible, et visible aux yeux des vivants. Itō Jakuchū est un célèbre peintre au Japon, ayant vécu de 1716 jusqu’à sa mort en 1800 à Kyōto. Né dans une famille aisée et dans un quartier pittoresque, il était déjà un amoureux de la peinture dès l’âge de dix ans. Mais il a exercé son métier de peintre qu’à l’âge de quarante ans, ayant été grossiste juste avant, et confiant les rênes de l’entreprise à son frère. En 1733, l’art du réalisme pictural est né, et Itō Jakuchū s’en inspire sur toutes ses toiles. En 1757, il commence le chef-d’oeuvre de sa vie qui prendra dix années à peindre : Le Royaume coloré des êtres vivants. Le titre parle de lui-même, il explore le monde de la faune et de la flore. Trente rouleaux précieux qu’il peint avec un réalisme détonnant, surtout pour l’époque! Je ne raconterai pas tout de son parcours, car j’y reviendrai sur un prochain article, lors d’un événement qui va assouvir notre curiosité par la projection d’un documentaire qui lui est accordé!
La première fois que ces rouleaux étaient exposés à l’étranger, c’était à la National Gallery of Art de Washington en 2012. La deuxième fois, nous avons cette chance exceptionnelle, de croiser ces rouleaux au Petit Palais de Paris. Un mois d’exposition de mi-septembre à mi-octobre, les rouleaux étant extrêmement fragiles, ils ne peuvent pas demeurer plus longtemps… Un mois pour des milliers de visiteurs de contempler des vieux pins, coqs, poissons, lotus, millets, moineaux, grenouilles et insectes divers. Ils abondent tous sur des toiles, et ils sont dessinés méticuleusement par Itō Jakuchū. Une technique lie toutes les toiles, c’est celle de la peinture sur soie en revers et avers, avec des couleurs vives, utilisant un amas de palettes colorées, avec la difficulté supplémentaire que le peintre utilisent aussi des pigments minéraux et des teintures naturelles. Tous les rouleaux présentent une finesse de traits, sans qu’aucune ligne de contours ne soit présente.
Par exemple dans l’oeuvre du Vieux pin et phénix blanc sur la photo juste au-dessus, il applique la couleur ocre sur le revers, et j’avais réellement l’impression de voir de l’or, en vue de son reflet à la fois invisible et dynamique quand on « zoomer » (avec les yeux en l’occurrence, nous n’avions pas le droit de prendre des photos, même sans flash, une interdiction toujours liée à la fragilité des rouleaux). De grands rouleaux verticaux, on pouvait y passer plusieurs minutes afin de contempler chaque détail, où que l’on pose nos yeux, on avait quelque chose à entrevoir. D’aussi loin que je me souvienne, c’est la première fois que j’entends autant de : « Wouah », « C’est magnifique », « Un chef-d’oeuvre » pour une exposition. Étant donné que je suis toutes les semaines dans les musées de la région parisienne (et non, je n’ai pas d’intérêt que pour les expositions japonaises!), je peux vous garantir que l’effet du Royaume coloré des êtres vivants nous fascine tous sans exception, et avec autant de passion.
Le maître de la finesse
Par cet oeuvre, l’artiste témoigne d’une grande affection pour les animaux et la nature. Il a passé des années à observer les animaux, avant de les peindre et de nous le rendre palpable à vue d’oeil. Il y a avait un effet de 3D, et on savait qu’avec ce relief, il a dû utiliser d’autres objets. Quand je suis entrée dans la salle d’exposition, j’ai commencé par la fin… Enfin, je ne suis pas certaine que c’était la fin, mais la grande majorité des visiteurs ont commencés à mon opposé. Sans regret pour ma part. Il y avait tout de même une file d’attente d’environ 1H30 en dehors du musée! J’ai pu personnellement le contourner étant de la presse, mais l’empathie fonctionne à grande échelle avec moi, et suivre les nombreux visiteurs qui se bousculent, me fatigue rapidement. Faites donc comme moi, commencez par les rouleaux de la triade bouddhique intitulé Shaka Sanzon-zō, Triade de Sakyamuni. L’artiste était très pieux, il plaçait le Bouddhisme au coeur de sa vie, bien avant la faune et la flore. J’ose penser que c’est ce qu’il l’a sauvé, à un moment donné de sa vie où il avait tout perdu… On reviendra sur ce sujet lors du prochain article aussi, patience!
En 1999, il y a eu des travaux de restauration du Royaume coloré des êtres vivants qui durèrent six ans et ont permis de confirmer que le peintre utilisait la technique de l’urazaishiki. Une technique où il colore une partie des endroits en revers, pour donner un effet plus intense des couleurs sur la toile. On hésite sur un travail totalement en relief, incapable de déceler quelle partie a pu être travaillée des deux côtés, tellement le rendu sur ces soies est exceptionnel. Une chose ne nous trompe, ce sont les détails qui sont saisissants. Il y avait parfois des cercles avec un joli motif, mais vous savez, ceux qu’on dessinait à l’école avec nos compas ? Les rosaces. Sauf qu’ici je doute fortement qu’il s’est amusé à en faire de même, surtout que ses rosaces ne ressemblaient pas aux miennes, et si ce n’est que les siennes étaient dessinées très rigoureusement !
Rien a été laissé au hasard. C’est un voyage atypique que l’on a fait avec ses toiles. Il y a même un de ses rouleaux qui m’a fait rapidement penser à nos plages françaises… J’exagère peut-être, mais c’est mon ressenti. Si vous trouvez lequel, dites-le-moi. Autre que mes désirs refoulés des vacances, des plumes en veux-tu en voilà! Vous n’avez jamais prêté attention à un coq (malgré qu’il soit quand même l’emblème de notre cher pays)? Dirigez-vous vers le musée. C’est le plus beau coq qui m’est donné de voir dans ma vie. Encore plus magnifique que les coqs que l’on connaît, avec des courbes parfaites, et une abondance de plumes majestueuses, et dont même le paon n’a rien à envier.
J’ai aimé tous les rouleaux, en y passant 1h30, alors que tout se passe dans une salle visible de long en large. Je peux le dire, j’ai limite étudié les tableaux. Deux tableaux m’ont fait rester plus longtemps que d’autres : Érable et petits oiseaux et Roses et petits oiseaux. Je viens de me rendre compte qu’à « l’écriture » de ces deux titres, on pourrait tomber dans le piège en pensant que c’est parce qu’il y a des petits oiseaux que j’ai été fasciné par ses tableaux… alors que non, ce sont pour les roses qui fleurissent toute la toile. Loin d’être ma fleur préférée, et le rose ma couleur de prédilection, il faut croire qu’ils avaient le pouvoir de me laisser me poser et rêvasser!
Alors, pour ceux qui se demandent quelle est ma couleur préférée, est bien c’est le bleu. Certains de ses tableaux révèlent plus précisément la couleur bleue de Prusse. Sachez qu’au moment où Itō Jakuchū l’avait utilisé, il n’était pas en vente au Japon… il a utilisé cette couleur 60 ans avant qu’un autre célèbre peintre l’utilise : Katsushika Hokusai. Il est devenu l’un des premiers propriétaires de cette couleur rare, difficile d’obtention à l’époque, au Japon, mais sans aucune conviction quant à la méthode de procuration de ce produit, je ne m’avancerai sur ce terrain qu’après quelques recherches que je vous ferai partager.
Dans cette collection, une harmonie règne dans le monde la peinture. Les animaux ne sont pas les seuls à être mis en avant, mais ils sont égaux à la nature qui les entourent. Lisez ces rouleaux, créez vous aussi l’histoire de votre perception, tout comme un espace regorge de mille histoires. Merci au Japon de nous avoir permis de voir de telles oeuvres, merci au Petit Palais de les avoir abrités quelques jours. Longue vie aux rouleaux!
Un spécial remerciement à Mme Beaujard et Mme Drapier.
Le jour où je publie cette article, il reste deux jours avant que les rouleaux repartent au Japon… Profitez, ce week-end le musée à des horaires d’ouvertures exceptionnels !
L’artisanal est une partie intégrante dans la tradition japonaise. Au fil des millénaires, le Japon produit des objets d’une haute technicité. C’est alors que la Maison de la Culture du Japon à Paris accueille l’artisan Shuzo Ogawa et sa femme, afin de nous présenter ce qu’est la céramique de Bizen, et nous en faire la démonstration.
La céramique Bizen-yaki (備前焼) est une céramique japonaise, produit à l’origine dans la ville de Bizen (préfecture d’Okayama). Une fabrication qui perdure depuis maintenant 1.300 ans! Sans glaçure, ni décor peint, ce sont purement des flammes et de la terre qui produisent les motifs du résultat final. Lors de cette conférence, nous avons eu le droit à une démonstration d’exception. En effet, les patrons de l’atelier DAIKURA sont venus nous montrer en direct leur savoir-faire. On n’aura pas le droit aux flammes (logique), mais on assistera à la fabrication de céramiques de différentes tailles et modèles.
Une journée extrêmement ludique s’est déroulée devant nos yeux. Nous étions très peu nombreux en raison du quota de places restrictif. Un interprète était présent pour traduire l’histoire de l’entreprise DAIKURA qui existe depuis 2011, et nous montrer la variété de céramiques qu’ils fabriquent et vendent au Japon. C’est une entreprise familiale japonaise, mais aussi en vogue sur le marché de la Grèce et en Allemagne, à Berlin. Nous avons eu la conférence avant la démonstration, mais je vais me permettre de zigzaguer pour la compréhension de tous. Étant moi-même néophyte en la matière, je vais vous conter l’histoire de cette journée à ma manière!
Pour la fabrication de la céramique Bizen, il faut pétrir l’argile en amont pour enlever toute trace d’air, afin que la céramique ne se brise pas sous la pression du feu. On utilise ensuite l’un des six fours les plus anciens du Japon. Ce four peut contenir environ 1.000 pièces! Sous cette condition, la famille de Shuzo Ogawa décide d’assembler ce nombre en enfournant leurs céramiques qu’une à deux fois par année. Mais alors, pourquoi économiser sur ce temps d’enfournage alors qu’ils pourraient le faire plus souvent ? Pour y répondre, on évoquera deux raisons. La première, car la cuisson est sur deux semaines non-stop! Jours et nuits, sans interruption, et que le tout est cuit environ à 1.550 degrés. Il faut y garder un oeil, pour ne pas que le travail de plusieurs mois soit en vain. Et après ces deux semaines, il faut trouver le bon moment pour éteindre le feu, et là, il n’y a que des personnes avec de longues années d’expériences qui pourraient s’y coller. Ensuite, il faut le laisser refroidir pendant une semaine pour que les artisans récupèrent le tout, et rincent les cendres.
La deuxième raison est liée à la condition physique. Un artisan peut produire cinquante céramiques Bizen s’il est en forme. Et moins les autres jours, car cela demande beaucoup de travail physique et de dextérité. Donc si on commande un de leurs produits, il faudra savoir être patient! (Le lien de leur site est à la fin de l’article, les commandes peuvent être envoyées à l’étranger). De plus, une femme a aussi sa place dans ce métier, alors qu’à l’époque, il était interdit pour elles d’entrer dans le four. Malgré ce nouveau droit, Shuzo Ogawa et sa femme nous cacheront pas que ce métier n’est pas vraiment conseillé aux femmes à cause du travail physique assez important.
Maintenant on se tourne vers les résultats de ces longs mois de travail. Aucun émail n’est utilisé pour ces créations. Les couleurs et motifs varient selon leur emplacement dans le four durant la cuisson! Nous sommes donc capables de lire leurs histoires à travers ces céramiques. Le feu et la terre font naître une multitude de couleurs et motifs qu’il n’est pas possible d’en doser sa nuance précise. En effet, si une personne souhaite par exemple l’effet ao-bizen, donc la couleur bleue, sachez que le bleu sera nuancé du clair au foncé, sans que le potier ne puisse intervenir dans sa coloration. On sait juste qu’on peut obtenir du bleu quand l’objet est enfoui dans les cendres, ou caché par d’autres objets. l’ao-bizen n’aura pas de contact avec le feu du four.
Les autres couleurs existantes sont le goma, dit « sésame » car il y a l’apparition de petits points jaunes qui viennent de la projection des épines de pin.
L’effet sangiri, de couleurs gris-bleuté. Enterré dans la cendre, il n’y a ni les flammes, ni l’air qui l’atteignent.
Le botamochi, où l’on pose de petites tasses pour obtenir la forme du mochi, et le reste des contours aura l’effet goma.
Le hidasuki : hi signifie ici « écarlate » et dasuki est le cordon des kimono. C’est un motif en fil rouge.
L’effet fuseyaki est dû à l’empilement de plusieurs pièces pour avoir des effets différents.
Le shisoiro, (comme la couleur de la feuille de shiso) est assez représentatif de la céramique de Bizen car il s’approche de la couleur de la terre.
Le migaki donne un effet lustré au produit, même s’il est sans glaçure, tout simplement en lissant la pièce avant de le mettre en feu.
Je ne vais pas parler de toutes les couleurs qui en sortent, mais des images sur leur site vous en dira beaucoup plus que mes explications approximatives. Il est en plus possible de boire dans ces poteries qui ne pourriront pas, car elles sont propices à la consommation, de thé par exemple. L’atelier DAIKURA conclut que la prochaine relève est assurée, et nous donne rendez-vous dans cent ans… sans rire! Entre temps, ils élargissent le champ à l’international depuis 2015, en plus des pays que j’ai cité plus haut. Malheureusement, la céramique Bizen ne se vend plus comme autrefois. Ils vont donc dès à présent et à l’avenir, allier le traditionnel et la modernité face à la nouvelle demande. Une concurrence qui sera rude avec les premiers potiers modernes qui existent déjà, mais l’équilibre modernité – tradition que souhaite instaurer l’entreprise familiale, pourrait signer son unicité. DAIKURA propose des créations en céramique comme des carafes, tasses, coupes, vases, etc…
Sachez que les créations de l’Atelier Daikura sont visibles à l’Espace DENSAN au 8 bis rue Villedo 75001, et ce, jusqu’au 15 novembre 2018.
Un grand remerciement à Mme Cathy BION pour m’avoir permit d’assister à cette démonstration et à l’espace DENSAN pour l’organisation.
Il y a quelques mois, le vendredi 13 juillet 2018 précisément, l’un des groupes de taiko reconnu dans le monde, a rejoint le parcours du Japonismes : Drum TAO. Un spectacle époustouflant, qui a été le meilleur dans tout ce que j’ai pu voir et découvrir jusqu’à présent. La magie a opéré à la Seine Musicale de Paris lors de cet été 2018.
J’écris cet article que beaucoup plus tard, car j’étais en attente des accréditations pour exploiter certaines photos – car vous vous doutez bien que lors de la représentation, je n’avais pas le droit de prendre de photos / vidéos – accord validé plus tard par l’équipe-même. L’émotion de cette nuit traverse le temps et reste inoubliable! Comme je l’ai mentionné plus haut, de tous les spectacles de taiko (autrement dit aussi wadaiko), c’est celui qui m’a fait le plus rêvé. Pourtant, ils ne sont pas réellement comparables, car ils ont tous leur propre style. Mais dans son art en général, c’est grâce à eux que j’ai découvert le tambourinage en équipe.
Drum TAO ont joué dans 24 pays, 500 villes et près de huit millions de spectateurs sont venus les découvrir et les encourager. Avec toutes ces performances, la troupe a gagné le 6ème Japan Tourism Agency Commissioner’s Awards et l’Outstanding Cultural Contribution de la préfecture d’Oita. Il est composé de trente-et-un membres, et ils ont créé une dynamique sur scène qui a coupé le souffle à tous les spectateurs. Après des recherches, je n’ai pas pu trouver ne serait-ce qu’une seule mauvaise critique!
Les enchaînements du groupe étaient spectaculaires! Je suis encore stupéfaite de la puissance et de la vitesse de tambourinage. Pour une première en France, la salle exploitée collait à merveille à la prestation. De beaux hommes triomphant sur scène, avec la belle particularité qu’ils étaient TOUS musclés. Un régal mesdames et mesdemoiselles (certains messieurs également). Toute personne ayant été spectateur de taiko savent que voir des muscles chez ses performeurs n’est pas réellement étonnant, comme cette pratique demande une bonne cardio, force et vitesse… et donc un entraînement sans relâche, il n’y a pas de frein pour arrêter un tel phénomène. Limite, je me posais la question si lors du casting du groupe, l’une des conditions pour en faire partie était d’être plus ‘gonflé’ qu’à l’habituel. Il va de soi, c’était une question inutile car on ne travaille pas que sur du visuel. Et le spectacle tout le long l’a démontré.
Je vais décrire dans le désordre, mais l’une des choses qui m’a marqué et que je n’ai trouvé nulle part ailleurs étaient… les sourires de chaque membre, mais pas n’importe lesquels. Je vous garantis que tout le long du spectacle, ils ont gardé les mêmes beaux et grands sourires. Ce n’est donc pas le sourire marketing de l’art, mais j’ai ressenti l’un des sourires des plus sincères : celui de la fierté. Mon ressenti était bien avéré lors d’un passage avec des nobori (幟). Les nobori sont des bannières japonaises, qu’on utilise comme des drapeaux (notamment lors des batailles et guerres féodales). Aujourd’hui, on les utilise dans les entreprises, les sports, restaurants, magasins, etc… Il exprime l’encouragement, l’appartenance à un groupe, à une identité propre qu’il faut que les autres voient. Au-delà des accessoires, nous pouvions voir dans leurs gestes et les grimaces sur leur visage cette fierté prônée à plusieurs moments. Ils peuvent l’être, ils ont magnifiquement transmis leur passion, et porté les couleurs du Japon.
Par moment, les acteurs interagissaient avec le public. Scandant des phrases en japonais, sous le rythme des tambours. Et à d’autre moment il y avait des parties bien comiques. Certains des membres avaient des rôles bien définis dès le départ. J’ai pu entrevoir un chef de la troupe, qui avait des airs d’un grand seigneur dirigeant tout le spectacle. Et deux comiques qui revenaient sans cesse. On reste évidemment dans l’art traditionnel, mais ici de toute évidence on a osé le mélanger avec un côté moderne bien accentué. Par exemple au niveau du costume. On était à mi-chemin entre le traditionnel et un côté futuriste, voir bling-bling. Le jour où j’écris cet article, plus tôt dans la journée, en rencontrant une chargée de communication à ESMOD (école de mode -petit clin d’oeil à Mona), j’ai découvert que la costumière de cette magnifique collection était Junko Koshino, surnommée la Coco Channel du kimono. Je vous laisse découvrir les photos pour voir son travail. Je reparlerai très bientôt de cette artiste dans les jours à venir.
Revenons à nos moutons. Il faut savoir que le taiko n’est pas un art où l’on fait que de taper sur des tambours à différentes allures, avec différentes forces, mais cela demande surtout des performances d’athlètes. Un rythme infernal s’installe sous nos yeux. Parfois je me concentrais sur certains membres, et j’avais « peur » qu’ils lâchent le bachi (qui est le bâton pour tambouriner). Ce sont des parties du spectacle qui nous font retenir notre souffle, contrairement à eux.
Je ne tarderai pas plus sur les explications, si ce n’est que je vous les conseille vivement pour leur prochain passage, dont on n’a pas encore les communiqués officiels, mais je pense bien qu’ils reviendront. Un spectacle dynamique, avec du rire, des danses, un show impressionnant, des chants, des instruments, une décoration colorée et des costumes travaillés. Le tarif peut paraître excessif au premier abord, mais je vous le dis, il en vaudrait encore plus qu’on ne s’en plaindrait pas.
Je remercie l’équipe en backstage de Drum TAO et Asuka OZUTSUMI.
*Dates et horaires : Vendredi 13 Juillet à 20h30
Dimanche 15 Juillet à 15h
*Tarifs : Catégorie 3 : 20€
Catégorie 2 : 30€
Catégorie 1 : 45€
*Lieu : La Seine Musicale – Ile Seguin, 92100 Boulogne-Billancourt
Site officiel : http://www.drum-tao.com/main/english