
Les yakuza (ヤクザ) sont des membres d’un groupe de crime organisé, autrement dit de la mafia japonaise ici. Ils sont officiellement reconnus au Japon, et même si leurs activités restent cachées, leurs présences non. Le samedi 7 juillet 2018, la Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP) a projeté un documentaire sur la base de la constitution dans la mafia japonaise.
L’État japonais vote une loi « Antigang » (Boryokudan Ho ou Botaiho) en 1992, complété plus tard par plusieurs décrets qui mettent à mal le business des différents gangs. On peut expliquer la présence acceptable des yakuza pendant tous ces siècles, mais leurs activités ont évolué au fur et à mesure du temps. Comment expliquer que ces clans étaient acceptés par tous, État et civils, sans qu’il n’y ait aucune forme de répressions contre eux? Un sujet bien long à développer, mais si nous restons dans l’époque contemporaine, la mafia est mise à l’épreuve. On ne peut ignorer un groupe de personnes capables de fluctuer sur l’économie du pays. Le quotidien des yakuza se résume aux rackets, aux trafics de drogue, à la prostitution, aux trafics d’armes et aussi aux paris clandestins (exemple : les matchs arrangés de sumo).
Le documentaire zoom sur un groupe qui se trouve à Osaka. Un membre de Tokai Television va suivre pendant plusieurs jours le quotidien des yakuza qui ont bien voulu s’exprimer sur le fonctionnement de la hiérarchie.

Parler de l’illégalité au Japon est fortement déconseillé, même raconté à la presse. Il fallait donc s’attendre à ce que tout ne soit pas explicitement raconté lors de ce visionnage. Cependant, on en apprend grandement sur le fonctionnement du clan. L’un des oyabun (chef de famille dans les clans de yakuza) avait 61 ans (un âge pas du tout perceptible le concernant). Il raconte le nombre de fois qu’il est parti en prison, avec une certaine fierté. Un yakuza est capable d’être envoyé plus de 1.000 fois en prison lors de sa vie. Ce laxisme pénitencier fait naître de plus en plus de délits et crimes au Japon. Mais rarement sur les civils. C’est plutôt des règlements de compte entre gang. La population quant à elle se sent souvent protéger (surtout les commerçants et entreprises). Les clans les protègent, alors que la police semble inefficace sur ce terrain.

Le documentaire nous permet donc de comprendre les notions de base du fonctionnement, rituel et usages des clans yakuza. Mais pas que. Aussi les dangers, et comment les leçons sont administrées aux nouveaux membres. Et si ce n’est pas entre membres le problème, c’est la société qui en créée. Ils sont exclus de toute forme sociale et administrative. Là où des droits fondamentaux devraient s’exercer à tout homme et femme sans distinction, les clans subissent toute une ribambelle d’interdictions. On l’aura compris, même la justice est dans l’illégalité. Mais pas beaucoup de professionnels sont présents pour les défendre, comme par exemple les avocats, qui eux aussi peuvent être ciblé par la justice. Encore plus difficile, quand même la famille entière est exclue de la société (exemple : un enfant d’un yakuza peut se voir refuser son entrée à l’école… Pour le seul motif du ‘travail’ du géniteur qui n’est pas en adéquation avec l’éducation).
À la fin du documentaire, le journaliste lui a demandé pourquoi ne pas laisser tomber ses activités si c’est beaucoup trop dangereux, et si cela n’offre pas de travail fixe, ni à eux, ni à leurs familles. Question à laquelle il répondra : « Si jamais nous ne sommes plus yakuza, qui nous acceptera? ».

Diffusion exceptionnelle à la Maison de la Culture du Japon à Paris, pour 5€ la séance.