Un film japonais-singapourien, c’est LE film immanquable de l’année pour les amoureux de la nourriture. On traverse diverses frontières géographiques, mais un unique thème relie l’ensemble. Ceci est un article qui me tient à coeur car il exploite l’un des phénomènes culturels connu dans l’ensemble du continent asiatique, qui concerne ma propre origine. En ce lundi 24 septembre 2018, nous avons eu l’honneur d’avoir la présence des acteurs et du réalisateur lors de cette avant-première. Victime de son succès, le cinéma a même dû ouvrir une seconde salle, je vous raconte tout!

La saveur des rāmen est un film d’Eric Khoo. Réalisateur dans l’âme depuis sa petite enfance, il a auparavant traité des sujets axés sur les émotions humaines, comme ce qui se passe dans les couples, dans la famille, entre un chanteur et ses fans, etc… Il a aussi développé dans ses précédents films des sujets tabou tels que l’homosexualité, sur les lesbiennes ou encore sur les handicapés. Aujourd’hui, il nous livre d’autres spécialités dans nos salles de cinéma. Un film à la croisée de l’histoire de la Chine, du Japon et l’emplacement idyllique que nous offre en arrière plan Singapour. Les relations entre humains sont toujours ses mots d’ordre, mais on le connaît aussi pour cette catégorie qu’est la nourriture, la cuisine.
Pour en revenir à cette avant-première inoubliable, la salle du Mk2 Bibliothèque comptait 580 places. Les places sont parties très rapidement, et la déception de beaucoup d’internautes n’ayant pas pu avoir les billets à temps, n’a pas laissé le média Hanabi, qui est l’organisateur de l’événement, et le cinéma Mk2 Bibliothèque indifférents. Ils ont alors spécialement ouvert une nouvelle salle pour les autres spectateurs, la veille de la projection! Une séance à 20H pour la première salle, et une seconde à 20H10. Il est fort probable que ce succès soit dû à une chose : la présence du réalisateur et surtout des acteurs lors de cette avant-première.

L’ambassadeur de Singapour, Zainal Arif Mantaha, a tout d’abord tenu un discours avant de laisser place à Eric Khoo. Il explique brièvement l’histoire de cette écriture cinématographique. L’essence du film est au premier abord l’art culinaire. L’intérêt porté pour la nourriture singapourienne et japonaise a construit son identité. Eric Khoo invite ensuite les différents acteurs à le rejoindre : Seiko Matsuda, Jeanette Aw et Takumi Saito. Le réalisateur s’est entouré d’un casting de premier choix! Jeanette Aw est une actrice née à Singapour, ayant jouée dans de multitudes de films chinois. Seiko Matsuda est une actrice, mais aussi une célèbre chanteuse japonaise. Enfin, Takumi Saito est un acteur et chanteur de musique J-pop. Il a fait l’effort de parler en français tout le long de son discours et une chose est sûre… Il avait une très belle voix, qui ont conquis mes amis et moi-même (filles et garçons à l’unanimité!).
Un lien sacré
La nourriture est porteuse de culture, d’histoire et vectrice de sentiments. C’est aussi ça, la culture de l’Asie. Que cela soit en Chine, à Singapour, au Japon, au Vietnam, ou en Inde, nous avons pour la plupart des valeurs communes. Par exemple, celle de difficilement dévoiler nos sentiments les plus doux à nos proches. L’aisance de dire de simple mots comme des « je t’aime », « désolé » ou encore montrer nos sentiments par des gestes tels que des câlins sont inexistants chez beaucoup de familles asiatiques. Le scénario et les acteurs ont pu transmettre toutes ces émotions dans un simple bol de rāmen. La sincérité, la tendresse, le pardon, le regret, la fierté, l’audace et le travail se retrouvent tous dans des bouillons. Une mixture est créée au fur et à mesure que les sentiments se développent, que les déplacements des personnages évoluent en même temps que leur connaissance culinaire. Une nourriture disparate née avec la fusion de deux plats locaux : le fameux rāmen et le bak kut teh qui est une soupe chinoise originaire de Malaisie et de Singapour. Les plans sur les aliments filmés par l’équipe donneraient envie à n’importe qui! J’ai mangé juste avant pour éviter la fringale lors de la séance, mais j’ai tout de même eu envie d’un bon bol de rāmen, et plus encore, celui de goûter pour la première fois le bak kut teh. Étant donné que je me rends à Singapour en décembre, vous pouvez espérer que j’irai manger à l’un des meilleurs restaurants servant cette soupe locale et que j’écrirai un article.

Hormis cette bonne nourriture qui nous a fait saliver, ce qui a le plus attiré mon attention, est la difficulté de compréhension entre membre d’une même famille, surtout quand cette dernière réunit des origines distinctes. L’un des couples est formé d’un personnage d’origine chinoise et l’autre d’origine japonaise. Au-delà de la barrière des langues, ce qui est mis en exergue est l’Histoire. Les faits historiques qui divisent des civilisations et des générations. Ce n’est pas que l’histoire de l’Asie, mais aussi de beaucoup de peuple qui ont des valeurs et moeurs bien ancrées, et qui ne permettent pas à un certain degré une alliance avec ceux qui sont hors de leurs propres origines. Le film nous invite dans la vie quotidienne de toute une famille sur plusieurs générations. En même temps que s’écoule la haine, les pleurs, l’incompréhension et la distance, la nourriture trépasse et rallie la bonne cause. C’est un film qui a mis sans doute en émoi plus d’un, dont moi-même. Sûrement qu’une partie conte actuellement ma propre vie et que j’y suis sensible.

Sans plus de spoil, je vous invite FORTEMENT à aller voir ce film. Des années que je n’ai pas eu une aussi bonne avant-première. De plus, je vais souvent aux restaurants japonais dans la capitale, mais grâce à ce film, je verrai mes futurs bols de rāmen autrement, ne serait-ce que pour un temps. À la fin de la séance, grâce à nos billets d’entrées, nous avions le choix entre deux cadeaux : le daruma (porte-bonheur japonais que l’on voit tout le long du film) dont j’en reparlerai bientôt dans un prochain article ou un mini-bol de rāmen servit dans un foodtruck éphémère. Je n’ai pas pu prendre le bol en photo, car j’ai choisi le daruma.
*Date et horaires : lundi 24 septembre 2018 à 20H (salle principale) et 20H10 (salle annexe).
*Tarifs : environ 12€, gratuit pour les détenteurs de la carte UGC Illimitée
*Lieu : Mk2 Bibliothèque – 128-162 Avenue de France, 75013 Paris
*Sortie du film en France : 3 octobre 2018
