Atelier DAIKURA – Céramique de Bizen

L’artisanal est une partie intégrante dans la tradition japonaise. Au fil des millénaires, le Japon produit des objets d’une haute technicité. C’est alors que la Maison de la Culture du Japon à Paris accueille l’artisan Shuzo Ogawa et sa femme, afin de nous présenter ce qu’est la céramique de Bizen, et nous en faire la démonstration.

43931452_298018031020589_5124372673958248448_n.jpg
©NipponActif Shuzo Ogawa pendant la démonstration

La céramique Bizen-yaki (備前焼) est une céramique japonaise, produit à l’origine dans la ville de Bizen (préfecture d’Okayama). Une fabrication qui perdure depuis maintenant 1.300 ans! Sans glaçure, ni décor peint, ce sont purement des flammes et de la terre qui produisent les motifs du résultat final. Lors de cette conférence, nous avons eu le droit à une démonstration d’exception. En effet, les patrons de l’atelier DAIKURA sont venus nous montrer en direct leur savoir-faire. On n’aura pas le droit aux flammes (logique), mais on assistera à la fabrication de céramiques de différentes tailles et modèles.

Une journée extrêmement ludique s’est déroulée devant nos yeux. Nous étions très peu nombreux en raison du quota de places restrictif. Un interprète était présent pour traduire l’histoire de l’entreprise DAIKURA qui existe depuis 2011, et nous montrer la variété de céramiques qu’ils fabriquent et vendent au Japon. C’est une entreprise familiale japonaise, mais aussi en vogue sur le marché de la Grèce et en Allemagne, à Berlin. Nous avons eu la conférence avant la démonstration, mais je vais me permettre de zigzaguer pour la compréhension de tous. Étant moi-même néophyte en la matière, je vais vous conter l’histoire de cette journée à ma manière!

43623057_186699255565519_1052363757428146176_n
©NipponActif Résultat du pétrissage d’argile

Pour la fabrication de la céramique Bizen, il faut pétrir l’argile en amont pour enlever toute trace d’air, afin que la céramique ne se brise pas sous la pression du feu. On utilise ensuite l’un des six fours les plus anciens du Japon. Ce four peut contenir environ 1.000 pièces! Sous cette condition, la famille de Shuzo Ogawa décide d’assembler ce nombre en enfournant leurs céramiques qu’une à deux fois par année. Mais alors, pourquoi économiser sur ce temps d’enfournage alors qu’ils pourraient le faire plus souvent ? Pour y répondre, on évoquera deux raisons. La première, car la cuisson est sur deux semaines non-stop! Jours et nuits, sans interruption, et que le tout est cuit environ à 1.550 degrés. Il faut y garder un oeil, pour ne pas que le travail de plusieurs mois soit en vain. Et après ces deux semaines, il faut trouver le bon moment pour éteindre le feu, et là, il n’y a que des personnes avec de longues années d’expériences qui pourraient s’y coller. Ensuite, il faut le laisser refroidir pendant une semaine pour que les artisans récupèrent le tout, et rincent les cendres.
La deuxième raison est liée à la condition physique. Un artisan peut produire cinquante céramiques Bizen s’il est en forme. Et moins les autres jours, car cela demande beaucoup de travail physique et de dextérité. Donc si on commande un de leurs produits, il faudra savoir être patient! (Le lien de leur site est à la fin de l’article, les commandes peuvent être envoyées à l’étranger). De plus, une femme a aussi sa place dans ce métier, alors qu’à l’époque, il était interdit pour elles d’entrer dans le four. Malgré ce nouveau droit, Shuzo Ogawa et sa femme nous cacheront pas que ce métier n’est pas vraiment conseillé aux femmes à cause du travail physique assez important.

Maintenant on se tourne vers les résultats de ces longs mois de travail. Aucun émail n’est utilisé pour ces créations. Les couleurs et motifs varient selon leur emplacement dans le four durant la cuisson! Nous sommes donc capables de lire leurs histoires à travers ces céramiques. Le feu et la terre font naître une multitude de couleurs et motifs qu’il n’est pas possible d’en doser sa nuance précise. En effet, si une personne souhaite par exemple l’effet ao-bizen, donc la couleur bleue, sachez que le bleu sera nuancé du clair au foncé, sans que le potier ne puisse intervenir dans sa coloration. On sait juste qu’on peut obtenir du bleu quand l’objet est enfoui dans les cendres, ou caché par d’autres objets. l’ao-bizen n’aura pas de contact avec le feu du four.

Les autres couleurs existantes sont le goma, dit « sésame » car il y a l’apparition de petits points jaunes qui viennent de la projection des épines de pin.
L’effet sangiri, de couleurs gris-bleuté. Enterré dans la cendre, il n’y a ni les flammes, ni l’air qui l’atteignent.
Le botamochi, où l’on pose de petites tasses pour obtenir la forme du mochi, et le reste des contours aura l’effet goma.
Le hidasuki : hi signifie ici « écarlate » et dasuki est le cordon des kimono. C’est un motif en fil rouge.
L’effet fuseyaki est dû à l’empilement de plusieurs pièces pour avoir des effets différents.
Le shisoiro, (comme la couleur de la feuille de shiso) est assez représentatif de la céramique de Bizen car il s’approche de la couleur de la terre.
Le migaki donne un effet lustré au produit, même s’il est sans glaçure, tout simplement en lissant la pièce avant de le mettre en feu.

43931452_298018031020589_5124372673958248448_n
©NipponActif

Je ne vais pas parler de toutes les couleurs qui en sortent, mais des images sur leur site vous en dira beaucoup plus que mes explications approximatives. Il est en plus possible de boire dans ces poteries qui ne pourriront pas, car elles sont propices à la consommation, de thé par exemple. L’atelier DAIKURA conclut que la prochaine relève est assurée, et nous donne rendez-vous dans cent ans… sans rire! Entre temps, ils élargissent le champ à l’international depuis 2015, en plus des pays que j’ai cité plus haut. Malheureusement, la céramique Bizen ne se vend plus comme autrefois. Ils vont donc dès à présent et à l’avenir, allier le traditionnel et la modernité face à la nouvelle demande. Une concurrence qui sera rude avec les premiers potiers modernes qui existent déjà, mais l’équilibre modernité – tradition que souhaite instaurer l’entreprise familiale, pourrait signer son unicité. DAIKURA propose des créations en céramique comme des carafes, tasses, coupes, vases, etc…

Sachez que les créations de l’Atelier Daikura sont visibles à l’Espace DENSAN au 8 bis rue Villedo 75001, et ce, jusqu’au 15 novembre 2018.

Un grand remerciement à Mme Cathy BION pour m’avoir permit d’assister à cette démonstration et à l’espace DENSAN pour l’organisation.

Site de l’atelier DAIKURA : http://www.dai-kura.com/en
Conférence et démonstration du 22 septembre 2018
Vidéo que j’ai pris lors de la démonstration : https://www.facebook.com/nipponactif/videos/698292620548821/
Deuxième vidéo prise et mis en ligne sur YouTube : Atelier DAIKURA – Céramique de Bizen

Site de l’espace DENSAN : http://www.espacedensan.com/exhibitor/

43661924_812149755787217_1295805467292860416_n.jpg
©NipponActif
43737390_535448833564558_5620920122290995200_n.jpg
©NipponActif Cadeau offert par l’atelier aux participants
%d blogueurs aiment cette page :